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Prostitution des mineurs : les chiffres clés du 119

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Maryline Barthélémy (à gauche) et Orianne Larroque (à droite) forment l'équipe dédiée à la prostitution des mineurs pour France enfance protégée.

Crédit photo Flora Peille
Seuls 4 % des appelants sont des mineurs concernés, 87 % des actions engagées ont mené vers la transmission d’ IP .... Voilà deux chiffres révélateurs dévoilés par le Snated-119 qui vient de souffler sa première bougie. L’occasion d’interroger les professionnels sur le fonctionnement et les résultats de ce dispositif de lutte contre la prostitution des mineurs.

Un an après le lancement du dispositif dédié à la lutte contre la prostitution des mineurs (DLPM), l’heure est au bilan. Comment les professionnels du Service national d'accueil téléphonique pour l'enfance en danger - Snated 119 -apportent-ils des réponses dans un contexte où le phénomène touche de plus en plus de jeunes, de toutes catégories sociales ?

A destination des proches, des parents, des professionnels et des mineurs, la plateforme se décline en ligne et via des appels téléphoniques sur le numéro d’écoute 119 autour de missions réparties en trois axes :

  1. La plateforme nationale d’écoute, de conseil et d’orientation ;
  2. L’élaboration d’une cartographie nationale qui permet un état des lieux des ressources et des besoins ;
  3. La sensibilisation en proposant des outils pédagogiques et des retours d’expériences partagés.

94 % de mineures

Premier constat : dans 62 % des cas, les mineurs concernés sont déjà identifiés par les services de l’aide sociale à l’enfance, souvent dans des situations de placements judiciaires. En 2023, 143 situations ont été suivies par le biais de 439 prises de contact. 59 départements sont concernés, tant sur des zones urbaines que rurales.

« 94 % des mineurs concernés sont de sexe féminin, 5 % sont des jeunes garçons et 1 %, des personnes transgenres. L’âge moyen s’élève à 15 ans », détaille Orianne Larroque, assistante socio-éducative en charge du suivi des dossiers pour la plateforme, à l’occasion d’une conférence de presse organisée le 22 avril.

> Sur le même sujet : Prostitution des mineurs : la force du réseau marseillais

La typologie des appelants se décline en six catégories :

  1. 43 % des personnes sont issues du premier cercle familial. Plus de 70 % d’entre elles sont des mères.
  2. 20 % sont des professionnels : Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), éducation nationale, soins et santé, services Police justice.
  3. 14 % des contacts proviennent de la famille élargie (frère, sœur, tante,…) ou de son entourage (parents de camarades).
  4. 12 % restent anonymes ;
  5. 7 % sont des témoins directs tels que des voisins qui repèrent des mineurs en errance, dans la rue.
  6. 4 % sont des mineurs concernés, majoritairement proches de la majorité ou jeunes majeurs. « Ces derniers sont plus à même de demander de l’aide que les plus petits âgés de 13 ou 14 ans », pointe Orianne Larroque.

Accorder le temps nécessaire

Maryline Barthélémy, assistante socio-éducative pour le DLPM revient sur l’accompagnement proposé. « Certains signaux incitent à questionner sur les conduites prostitutionnelles, pour accompagner les parents qui nous contactent. Nous prenons le temps de les écouter. Il est par exemple important d’observer les variations de comportements chez les enfants », souligne-t-elle. Parmi elles, le dispositif retient des manifestations de souffrances psychologiques :  fugues (84 %), désinvestissement de la scolarité (70 %) et consommation de produits stupéfiants ou d’alcool (51 %). Un changement dans le rapport au corps, la possession d’objets de valeur ou les difficultés scolaires sont autant d’autres signaux faibles dont le cumul peut présumer une situation de prostitution. « Nous apportons une écoute active et sans jugement car nous mettons à disposition le temps nécessaire, sans limitation de durée. C’est essentiel pour rompre l’isolement des parents », explique la professionnelle.

En termes de fonctionnement, les conseils éducatifs et juridiques représentent plus de la moitié du travail : orienter vers le dépôt de plainte, vers la déclaration ou la gestion d'un retour de fugue... « Nous orientons les appelants vers d’autres professionnels. Par exemple, vers des assistantes de service social (ASS) en commissariat », poursuit-elle. Par ailleurs, le travail de sensibilisation constitue un objectif essentiel, les mineurs n’étant pas toujours considérés comme victimes.

> A lire aussi : Prostitution des mineurs : un mousqueton pour raccrocher les ados fugueurs

Fluidifier les partenariats

Autre enjeu d’accompagnement : interroger l’histoire et les événements vécus par l’enfant au cours de sa vie afin de mieux comprendre la situation de prostitution. Dans 40 % des cas, des violences intrafamiliales antérieures à la prostitution ont eu lieu.

Les professionnels de la plateforme relèvent également de fortes demandes d’outils de la part de leurs homologues de terrain. « Les ressources que nous proposons s’avèrent très utiles et sont partagées au sein des équipes, indique Orianne Larroque.  L’objectif est de pouvoir rentrer en lien avec des acteurs de l’aide sociale à l’enfance (Ase) ou de la PJJ. Nous nous mettons à leur disposition. Certains ne savent d’ailleurs pas vers qui se tourner ». Un maillage indispensable pour permettre à l’ensemble des interlocuteurs de disposer du même niveau d’information, en temps réel. A noter : 87 % des actions engagées par le DLPM ont mené à la transmission d’ informations préoccupantes. 

Des podcasts pour prévenir

« L’accompagnement de mineurs touchés par des problématiques diverses qui demandent des compétences aux professionnels en termes d’addictions, de soins ou de psychologie. Les professionnels ont beau être inventifs, il reste complexe de répondre aux enjeux, notamment avec les problèmes d’attractivité et de turn-over rencontrés dans le secteur, retient Pascal Vigneron, directeur du Snated-119. Nous tacherons pour autant de poursuivre l’ensemble de nos actions ».

Pour améliorer la sensibilisation des professionnels, le dispositif lance une série de podcasts. Baptisée Les dangers du numérique et la prostitution 2.0, le premier épisode donne la parole à Samuel Comblez, psychologue thérapeute au Centre Médico Psychologique (CMP) pour enfants/adolescents dépendant de l'hôpital de Meaux.

>> Le podcast « Les dangers du numérique et la prostitution 2.0 »

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