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PJJ : « Il ne s’agit pas de pallier des déficiences en matière de ressources humaines ! »

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Directrice de la protection judiciaire de la jeunesse depuis juillet 2022, Caroline Nisand se félicite de l'ouverture de son administration aux réservistes de tous les horizons.

Crédit photo PJJ
Le ministère de la Justice vient de lancer la réserve de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Caroline Nisand, successeur de Charlotte Caubel au poste de directrice de la PJJ, détaille aux ASH les avantages de cet apport en compétences.

Opération portes ouvertes à la PJJ. Une cinquantaine de structures de cette administration d’ordinaire discrète accueillent, ce jeudi 23 novembre, acteurs et partenaires de la justice des mineurs, élus ou journalistes, pour faire connaître leurs missions. L’occasion aussi de médiatiser la campagne de recrutement pour la nouvelle réserve de la protection judiciaire de la jeunesse. Désireuse de voir affluer les candidats, sa directrice Caroline Nisand nous en explique la lettre et l’esprit.

 

ASH : Dans quel contexte s’inscrit la création de cette réserve ? Vous manquez de bras ?

Caroline Nisand : Initialement, la réserve a été imaginée dans le cadre du partenariat Justice/Armée pour avoir l’opportunité de recruter des militaires. Mais au-delà de cette possibilité, nous avons estimé qu’il serait intéressant de recourir à des membres de la société civile, à leurs regards et à leurs compétences, des expériences dont on ne dispose pas en interne. Il ne s’agit certainement pas de pallier des déficiences en matière de ressources humaines ! Nous allons recourir à des personnels de la PJJ qui arrivent à la retraite et qui souhaitent continuer à servir l’administration. Mais en parallèle, nous sommes très intéressés par la possibilité de solliciter des personnes aux compétences différentes, retraitées ou encore en activité. Il s’agit d’un dispositif souple. La durée maximale d’une mission ne peut en revanche excéder 150 jours par année civile et par réserviste.

Pour quels types de missions sont-ils recrutés ?

Il y a trois niveaux de recrutement. Le premier niveau concerne le recours à des professionnels dans le cadre d’actions éducatives. Qu’il s’agisse d’assurer un accompagnement pour des activités sportives ou pour des sorties du type camps. Le deuxième niveau est celui de la formation et du mentorat. On aimerait bien que des personnes expérimentées, qui n’ont pas le nez dans le guidon au quotidien, puissent venir en appui aux professionnels qui sortent d’école. Une manière de leur faire découvrir la PJJ, administration qu’ils ne connaissent pas encore au moment de leur prise de poste. Ces actions de formation requièrent des compétences du type soutien aux prises de décisions ou gestion des difficultés en cas de crise. Enfin, le troisième niveau relève de l’ingénierie de projets. Il s’agit pour les réservistes d’apporter un accompagnement dans l’élaboration de projets territoriaux ou de programmes stratégiques interrégionaux.

A lire aussi : Le ministère de la Justice lance une réserve civique pour renforcer la PJJ

Ces volontaires sont-ils plébiscités par le terrain ou sollicités par le haut de la hiérarchie ?

C’est la conjugaison de deux opportunités. Un certain nombre de besoins se font effectivement connaître sur le terrain et nous irons ensuite cibler des personnes et des savoir-faire. Par ailleurs, la direction de la PJJ peut avoir des besoins particuliers dans le viseur. Sur le plan de l’enseignement, par exemple, je pense que nous n’avons pas assez de professeurs pour accompagner les mineurs. Il y a des enseignants détachés de l’Education nationale, mais les volumes sont limités. Grâce à la réserve, nous pourrions bénéficier de l’expertise d’enseignants ayant des compétences culturelles ou dans des disciplines atypiques. Les propositions peuvent aussi émaner des potentiels réservistes eux-mêmes, qui vont se signaler parce qu’ils sont intéressés par les activités de la PJJ. Dans tous les cas de figure, c’est au niveau de la direction interrégionale de la protection judiciaire de la jeunesse ou de l’administration centrale que les contrats d’engagement seront signés.

Les réservistes sont-ils déjà déployés ?

Les décrets sont sortis cet été, c’est très récent. Nous avons déjà différents profils, mais ce n’est que le début. D’autant que lorsqu’un contrat d’engagement est signé, la mission ne démarre pas forcément tout de suite. Il y a toute une période de rencontres, de tâtonnement pour mettre en adéquation chaque besoin et chaque compétence. Je pense à un collègue magistrat, président de tribunal, à qui on a proposé de rejoindre la réserve. Plutôt enthousiaste, il s’est quand même demandé en quoi il pouvait être utile, ce qu’il pouvait apporter. Nous lui avons proposé de participer à la définition de stages de citoyenneté ou à des actions d’accès aux droits. Ces ateliers de prévention sur le terrain, notamment dans les écoles, ont beaucoup de succès, mais nous manquons de professionnels pour les mettre en œuvre. Les réservistes sont un atout pour mieux soutenir la diffusion de ces outils éducatifs.

Quels types de projets seraient pertinents aux côtés des travailleurs sociaux de la PJJ ?

Je pense à une mission dans le cadre de l’action éducative et du soutien aux familles d’accueil. Les professionnels qui interviennent dans les établissements et les services n’ont pas toujours la possibilité d’accompagner ces acteurs incontournables autant qu’ils le souhaitent. C’est un bon exemple du bonus que peut représenter un réserviste. Sinon, les éducateurs de la PJJ pourront bénéficier de l’expertise des uns et des autres pour impulser des activités culturelles ou sportives, organiser des séjours exigeant une technicité particulière… Se faire épauler par un réserviste ayant une compétence spécifique permet de mieux penser son projet.

Pourrait-on imaginer, dans dix ou quinze ans, que d’anciens jeunes suivis par la PJJ deviennent eux-mêmes réservistes ?

Mais absolument. Un de nos axes forts en ce moment à la PJJ, c’est de donner la parole aux premiers concernés, aux usagers de nos services, pour qu’ils nous disent comment ils voient les dispositifs et comment ces derniers pourraient évoluer. Avec les associations départementales d’entraide des personnes accueillies en protection de l’enfance nous avons eu des rencontres où certains jeunes sont intervenus. Devenus adultes, ils souhaitaient rendre un peu de ce qu’on leur a donné, tout en faisant valoir leur expérience. Ces jeunes-là seraient des réservistes idéaux.

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