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Petite enfance: un livret pour repérer les écarts de développement qui ne tient pas compte du contexte psychosocial

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Photo d'illustration

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Crédit photo Thomas Samson / AFP
Dépistage - Le nouveau livret de « repérage précoce des écarts de développement des enfants » destiné aux professionnels de la petite enfance a été dévoilé le 31 janvier. Un outil intéressant, mais qui ne prend pas en compte les facteurs de décalage psychosociaux.

A Châtillon (Hauts-de-Seine), la crèche Babilou accueille des enfants souffrant de troubles du neuro-développement. Et c’est là qu’Adrien Taquet, secrétaire d’Etat à l’enfance et aux familles, et Claire Compagnon, déléguée interministérielle à la stratégie nationale pour l’autisme, ont présenté, le 31 janvier, le nouveau livret de « repérage précoce des écarts de développement des enfants », à destination des professionnels de la petite enfance.

Conçu pour dépister au plus tôt les troubles du neuro-développement (TND), qui affecteraient 10 % des enfants en France, le livret a pour objectif de donner aux professionnels, qui sont « les mieux placés pour identifier les difficultés (…), les moyens d’objectiver leurs inquiétudes et d’aborder avec les parents la question d’un développement inhabituel », explique le secrétariat d’Etat dans un communiqué. Et ce, afin d’orienter rapidement les parents vers des spécialistes qui pourront établir un diagnostic et proposer un suivi adapté.

Des troubles repérables avant 3 ans

Les troubles du neuro-développement débutent durant la période du développement et regroupent les handicaps intellectuels (trouble du développement intellectuel), les troubles de la communication, le trouble du spectre de l’autisme, le trouble spécifique des apprentissages (lecture, expression écrite et déficit du calcul), les troubles moteurs (trouble développemental de la coordination, mouvements stéréotypés, tics) et le déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité.

Elaboré par un groupe de travail associant la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), des parents et les principaux acteurs du secteur de la petite enfance, le livret est organisé en quatre parties : une explication sur son utilisation et sur les étapes qui suivront après l’avoir complété (présentation du document à son médecin traitant ou à la protection maternelle et infantile, bilans nécessaires, orientation...) ; des grilles de questions organisées suivant l’âge de l’enfant ( babiller à 6 mois ; se tenir assis à 1 an ; taper dans un ballon à 2 ans ; empiler huit cubes à 3 ans...) ; une information sur les troubles du neuro-développement et des conseils sur la façon d’accompagner les parents pour les professionnels de la petite enfance ; et, enfin, des liens vers les structures et services ressources.

Une approche exclusivement médicale

Si un diagnostic précoce permet une prise en charge plus efficace de ces troubles, certains acteurs mettent en garde contre une grille de lecture trop systématique, qui pourrait ne pas prendre en compte les écarts naturels de développement entre des enfants vivant dans des conditions psychosociales très contrastées, et pousser certains vers des parcours de soins inadaptés.

Psychiatre et auteur de La fabrique des enfants anormaux (éd. Max Milo, 2021), Thierry Delcourt en témoigne : « On sait que les enfants qui vivent dans des conditions un peu dégradées auront forcément des décalages cognitifs. A force de rigidifier les grilles de lecture, le risque est de transformer ces écarts parfois temporaires et résorbables en troubles, et de leur mettre une étiquette inadaptée, en les précipitant sur la voie du handicap. »

En effet, au terme des cinq grilles d’observation des enfants, seule l’éventualité des TND et du handicap est évoquée dans le livret. « On n’a donc pas avancé mais au contraire conforté cette vision et cette orientation vers la plateforme opérationnelle sans tenir compte ni de la variabilité entre enfants ni des autres motifs de décalage psychosociaux. Et on termine par la case diagnostic sans le prendre en compte », explique le psychiatre.

Disponible en ligne sur le site des caisses d'allocations familiales (CAF), monenfant.fr, l’application des 1 000 jours, et le site autisme-tnd.gouv.fr, le guide sera également diffusé par les CAF à l’ensemble de leurs partenaires de la petite enfance et mis à disposition des parents.

 

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