« Nous pensions peut-être à quelque chose de plus académique, mais notre logique de co-construction nous engage à prendre ce qui vient des enfants comme de leurs parents, à accepter qu’ils apportent une pierre que nous n’avions pas même imaginée », témoigne Luc Vesserbelt à propos des empreintes de mains multicolores qui décorent le mur de l’accueil de jour de l’association Appuis, qu’il dirige. Si ces détails peuvent sembler anecdotiques, ils symbolisent la philosophie de cette structure ouverte en janvier dernier dans le Haut-Rhin : permettre aux familles de s’y sentir chez elles.
Réparti sur deux sites, à Altkirch et à Saint-Louis, le dispositif propose une capacité de dix places pour des enfants âgés de 7 à 11 ans. Les orientations sont décidées par l’aide sociale à l’enfance (ASE), par le biais d’une mesure judiciaire ou d’un placement administratif contractualisé avec l’institution.
L’équipe de professionnels – une cheffe de service, une coordinatrice, deux éducateurs, un psychologue à temps partiel – effectue quatre interventions par semaine, dont une le mercredi, une ou plusieurs visites à domicile, ainsi que d’éventuelles rencontres à l’extérieur, en terrain neutre. « Lorsque nous allons dans la famille, notre action est parfois centrée sur le soutien à la parentalité, parfois davantage tournée vers les relations entre les parents et les enfants. Ou alors nous décidons de nous consacrer uniquement à l’enfant, à travers de l’aide aux devoirs, par exemple », précise Jessica Rouhani, coordinatrice.
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Pensé comme une étape d’un an ou deux, idéalement avant un retour « à la normale », l’accueil de jour associe le plus possible les familles pour « que cette mesure ne soit pas juste un service que l’on consomme », qu’elles y trouvent du sens et y adhèrent. Un des défis : valoriser leurs compétences afin qu’elles deviennent actrices.
Par exemple, à travers des ateliers de cuisine, où les mamans transmettent ce qu’elles aiment à leurs enfants. Ou encore une sortie organisée par un père fan de motos, une après-midi brocante pour aller chiner le nouveau meuble qui ornera l’entrée de la structure, une journée collective dans un parc d’attractions… « La posture d’expert sachant est plus confortable, reconnaît Luc Verbesselt. Faire participer, réellement, demande aux travailleurs sociaux de l’agilité, de la souplesse. Et de retrouver une certaine culture du risque. »
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Un "sociogénogramme" pour niveller les relations (2/6)
Se retrouver comme chez soi (4/6)
Ouvrir la porte des établissements aux parents (6/6)