Représentants des instances publiques nationales consultatives, des associations, des collectivités territoriales, du secteur judiciaire et médical, des personnes concernées… Personne ne semblait manquer à l’appel lancé hier par le CNPE (Conseil national de la protection de l’enfance), le COJ (Conseil d’orientation des politiques de jeunesse), et le CNA (Conseil national de l’adoption). « Nous sommes tous là pour démontrer que ce qui nous rassemble aujourd’hui n’est pas le point de vue de l’un ou de l’autre, mais un diagnostic partagé par l’ensemble des acteurs de la protection de l’enfance », a insisté Monique Limon, présidente du CNA.
« Une crise grave et inédite »
Tous unis par un même constat : « Le secteur traverse une crise grave, inédite », comme l’a rappelé Anne Devreese, la présidente du CNPE, en guise d’introduction. « En 2021, nous pensions être confrontés à une année exceptionnelle. Mais 2022 fut encore plus douloureuse. En 2023, mêmes les périodes traditionnellement moins en tension ont été intenses », s’alarme-t-elle.
Une « saturation complète » des dispositifs de l’aide sociale à l’enfance (ASE) aussi bien structurelle que multifactorielle. Premier sujet d’inquiétude, l’« accélération impressionnante » du nombre d’informations préoccupantes, en particulier chez les 0-6 ans, qui représentent 43 % des entrées à l’ASE, et viennent gonfler l’augmentation déjà conséquente du nombre d’enfants accueillis. Une hausse considérable de l’activité à laquelle les départements sont confrontés dans un contexte « d’effondrement de certaines collectivités », de précarité, d’épuisement, et donc d’attractivité et de recrutement dans les métiers du soin et de l’accompagnement, particulièrement marqué dans la protection de l’enfance. D’après une enquête de l’Uniopss datant de novembre, le taux moyen de postes vacants dans les structures dédiées serait de 9 %.
Une démarche qui se veut constructive
Résultat, les délais de mise en application des décisions de suivis s’accroissent et accentuent la dégradation des situations des enfants concernés, « en grande souffrance ». D’autant que des profils d’enfants à vulnérabilité multiple – estimés désormais entre 10 % et 20 % des enfants confiés – sont hébergés dans des lieux inadaptés à leurs troubles, par manque de place dans les structures médicalisées. Dernier sujet d’inquiétude, la sortie sèche des jeunes majeurs, victimes de la disparité des moyens suivant les départements.
Malgré tout, l’ensemble des participants a rappelé son refus de baisser les bras. « Nous ne sommes pas dans une démarche polémique mais constructive, a estimé Anne Devreese. Notre plan Marshall pour la protection de l’enfance définit les priorités d’actions et des propositions qui sont le fruit d’un travail colossal et d’expérimentations concluantes. Nous sommes désireux de contribuer. Même si la situation est grave, la possibilité d’agir existe. »