Faiblesse des rémunérations, pénibilité des conditions de travail, perception sociale très réductrice du métier, manque de professionnels, notamment d’éducateurs de jeunes enfants (EJE)… La situation des modes d’accueil collectif de la petite enfance est alarmante, constate Terra Nova.
Dans sa note intitulée « La petite enfance : un secteur à bout de souffle en mal d’attractivité », le laboratoire d’idées estime qu’il faudrait créer 200 000 places de crèches d’ici 2030 et former 70 000 professionnels pour garantir l’accueil de chaque jeune enfant. Un objectif, en l’état, « inatteignable », précise son autrice, Suzanne Gorge, directrice générale adjointe de Terra Nova.
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Pourtant, la petite enfance est « l’investissement éducatif le plus rentable pour la société », souligne-t-elle, citant les analyses coûts-bénéfices du prix Nobel d’économie James Heckman. « Beaucoup se joue pendant les premiers mois qui suivent la naissance », assure-t-elle.
Pour répondre à ces enjeux, déjà évoqués dans trois autres rapports publiés en 2014, 2017 et 2021, le groupe de réflexions énonce quatre grandes propositions.
1. Rendre les formations plus attractives
- En créant des bourses pour inciter les étudiants à se diriger vers ces formations.
- En proposant au personnel « qualifié » une formation obligatoire à l’entrée en établissement.
- En créant un diplôme de niveau bac dédié à l’accueil de jeunes enfants entre le CAP Accompagnant éducatif petite enfance (AEPE) et le diplôme d’éducateur de jeunes enfants (EJE).
- En facilitant l’accès à la validation des acquis de l’expérience (VAE).
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2. Valoriser et mieux rémunérer
- En autorisant la mise en œuvre des revalorisations salariales grâce à des accords d’entreprise et non des accords de branche.
- En imposant à toutes les branches professionnelles un socle social commun en faveur des professionnels de l’accueil du jeune enfant (rémunération minimale, temps de travail, formation, prévoyance).
- En définissant les emplois-repères du secteur de la petite enfance (intitulés, descriptifs, compétences associées, etc.), en les intégrant dans les classifications de branches et en aidant à la définition des salaires d’entrée de grille associés aux emplois-repères.
3. Améliorer la qualité du temps de travail
- En augmentant le temps d’équipe et la préparation pédagogique (imposer à minima une fermeture anticipée hebdomadaire, mettre en place une journée pédagogique à intervalle régulier, et un minimum d'une séance mensuelle d'analyse de la pratique par professionnel).
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- En créant dans chaque crèche des temps réguliers d’échanges parents/professionnels autour du projet d’établissement.
4. Améliorer le contrôle et la transparence
- En intégrant dans le schéma pluriannuel de maintien et de développement de l’offre d’accueil du jeune enfant des obligations d’évaluation de la qualité d’accueil dans les établissements à minima tous les deux ans.