La perspective de voir disparaître le placement éducatif à domicile (PEAD) inquiète nos travailleurs sociaux, notamment ceux impliqués dans cet accompagnement spécifique. Cela pourrait profondément modifier leur façon de travailler et en compromettre les bienfaits. Pourtant, cette alternative à la séparation familiale suscite des questions chez les juges, car elle laisse l’enfant dans un environnement potentiellement dangereux. La question dépasse la sémantique.
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Le terme « placement » évoque souvent pour les parents une séparation physique. Or le PEAD maintient l’enfant au domicile familial. Un changement de terminologie pourrait maintenir le cadre d’intervention tout en préservant la sécurité des enfants. Les professionnels restent indispensables face à des situations complexes, comme des troubles psychiatriques ou des parents en grande détresse. En outre, les limites du placement éducatif à domicile doivent être reconnues : dans certains cas particulièrement dégradés, maintenir l’enfant au domicile n’est pas toujours approprié. Un placement institutionnel temporaire peut s’imposer, le temps que les parents retrouvent une stabilité.
Rassurer les parents
Une fois ces précautions prises, le PEAD a l’avantage de rassurer les parents tout en plaçant la famille sous l’évaluation et l’accompagnement des professionnels de l’enfance, toujours dans l’intérêt de l’enfant. Dans mon association, deux services distincts interviennent : un pour les tout-petits (0 à 3 ans) et un pour les enfants plus âgés (4 à 18 ans). Parfois, la prise en charge débute avant la naissance. Nous travaillons alors dès la naissance avec les parents pour prévenir ou résoudre des difficultés.
Si le PEAD perd son statut actuel et devient une simple « aide éducative », nous serions contraints d’attendre une décision judiciaire pour agir en urgence, ce qui ralentirait les interventions cruciales. En particulier pour les jeunes enfants, ces délais pourraient mettre leur sécurité en péril.
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Si le conseil départemental remplaçait le PEAD par des interventions éducatives renforcées, les éducateurs perdraient en temps et moyens, affectant la qualité de l’accompagnement. Le placement éducatif à domicile joue aussi un rôle clé dans les transitions : après un placement institutionnel, il facilite un retour progressif et sécurisé en famille. Sa disparition poserait la question de nouveaux dispositifs à créer.
Un accompagnement intensif
Il offre aussi un accompagnement intensif : un éducateur peut suivre six enfants, voire quatre pour les plus jeunes, contre vingt-cinq en suivi classique. Cette proximité permet un travail personnalisé et réactif. En cas de crise, nous pouvons protéger l’enfant rapidement, par exemple en procédant à une mise à l’abri temporaire, souvent suffisante pour apaiser la situation. En cas de violence ou de négligence grave, un accueil en Mecs (maison d’enfants à caractère social) peut être proposé. Cette flexibilité est essentielle pour garantir la sécurité tout en soutenant les parents.
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