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Le placement éducatif à domicile doit-il être remanié ? 1/2

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Wooden house model on the floor, a family playing with toys in a blurred living room background.

Le placement éducatif à domicile, disqualifié juridiquement par la Cour de cassation en octobre dernier, a été pensé pour ouvrir une alternative au placement institutionnel et à l’aide éducative en milieu ouvert. 

Crédit photo Muneer - stock.adobe.com
[C'EST EN DEBAT] Hébergés à temps complet chez leurs parents, mais confiés à l’ASE. Le PEAD dont bénéficient certains enfants prend sa source dans un flou juridique. La Cour de cassation semble avoir sifflé sa fin. En attendant une clarification, les professionnels, s’ils s’accordent sur l’intérêt de ce dispositif hybride, s’interrogent sur sa mise en œuvre. L'avis de Alexandre Jibidar, responsable à l’institut départemental de l’enfance et de la famille du Rhône, sur ce dispositif.

Je crois fermement aux bénéfices du placement éducatif externalisé, une alternative aux placements classiques pour les familles qui, sans nécessiter une séparation stricte, ont besoin de soutien pour renforcer leurs compétences parentales. En tant que chef de service, j’ai constaté l’impact direct de ce dispositif. Grâce à un accompagnement intensif, incluant des visites régulières et une disponibilité 24 heures sur 24 d’un travailleur social référent, les familles bénéficient d’un encadrement sécurisant.

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Un des aspects les plus enrichissants est la coparentalité. Les parents, loin de subir passivement une mesure judiciaire, collaborent avec les professionnels. En cas de désaccord sur la situation de l’enfant, nous analysons ensemble les perceptions divergentes et les zones de danger, ce qui leur permet de comprendre et d’ajuster leur rôle éducatif. Le dispositif s’avère particulièrement adapté aux grands adolescents, qui trouvent un appui structurant tout en bénéficiant d’une écoute attentive. La possibilité de contacter un éducateur à tout moment désamorce les tensions et soutient la restauration du lien parent-enfant. Cette approche de tiers facilite l’expression des adolescents et renforce la communication familiale. Le PEAD agit ainsi comme un filet de sécurité constant, offrant une réponse immédiate en cas de crise.

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En plus de son efficacité éducative, le PEAD répond à des enjeux organisationnels. Associations et collectivités l’utilisent pour gérer les places d’accueil et réorienter les situations en surplus, optimisant ainsi les capacités d’accueil. Il constitue également une mesure économiquement viable, coûtant deux fois moins cher qu’un placement institutionnel.

Le PEAD permet aussi de travailler sur l’autorité parentale. Parfois hésitants, les parents trouvent un soutien chez les professionnels, codécideurs légitimés par le juge, pour trancher dans l’intérêt de l’enfant. Contrairement aux placements classiques, le PEAD intègre pleinement les parents dans le processus éducatif, préservant ainsi le lien familial. Dans mon expérience, les placements institutionnels se confrontent souvent aux défis de coordination entre les acteurs (services sociaux, établissements, ASE). Le décalage de temporalité entre l’enfant et ses parents constitue un écueil majeur. Alors qu’un travail est mené pour aider l’enfant à comprendre sa situation, l’accompagnement des parents n’évolue pas toujours au même rythme. Lorsqu’un retour en famille est envisagé, ce désalignement peut tout compromettre.

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En revanche, le placement externalisé synchronise plus facilement les temporalités des enfants et des parents, facilitant une synergie qui rend la dynamique familiale plus fluide. Avec un interlocuteur unique ou référent, le travail devient plus cohérent, à la différence des placements institutionnels, où les familles doivent souvent jongler avec plusieurs intervenants.

Le PEAD est limité dans le temps : trois mois, renouvelables une fois, ou jusqu’à un an dans des cas exceptionnels. Cette contrainte temporelle exerce une tension constructive, incitant chaque partie à se mobiliser immédiatement pour améliorer la situation.

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