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La justice à hauteur d'enfant : comment accompagner les jeunes victimes avec Calliope

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Crédit photo Pavo
A Rennes, l’Association Alexis Danan prépare les mineurs victimes de violences sexuelles à témoigner devant la cour grâce au programme Calliope.
 
 

L’affaire a fait grand bruit en 2021. Elle met au jour l’histoire de Karine Jambu, une fillette violée chez ses parents pendant deux ans, qui a fait condamner l’Etat pour faute lourde plus de vingt ans après les faits. « Cette fillette, c’est ma nièce, et il a fallu toutes ces années pour qu’elle réussisse à témoigner et que la justice l’entende et la croie », relate Laurence Brunet-Jambu, présidente de l’Asso­ciation Alexis-Danan à Rennes et première à avoir importé du Québec le programme « Témoin enfant » du réseau des centres d’aide aux victimes d’actes criminels (Cavac) (1).

Rebaptisé Calliope en France, ce programme a été élaboré afin de préparer les mineurs victimes de violences sexuelles au passage devant la cour. « On a coutume de dire qu’il ne faut pas faire témoigner les enfants victimes pour ne pas les brusquer. Mais quand l’enfant est sécure, il est capital qu’il puisse le faire. C’est par ce biais que ma nièce, que j’ai préparée, a pu s’exprimer. »

Installer un climat sécurisant

En France, la très grande majorité des victimes de viols ou d’agressions sexuelles qui portent plainte ne sont ni reconnues, ni protégées. Des victimes qui, selon l’âge, ne sont pas ou peu invitées à témoigner à la barre. « On considère que l’enfant n’est pas en état de discernement suffisant. Sauf que rien dans la loi n’indique qu’il y a un âge minimal pour les interroger », pointe Emmanuelle Vinayagasoundirame, responsable du pôle formation de l’association.

Le protocole Calliope apporte à la victime, dès 5 ans, des habilités psychosociales clés pour faciliter son passage à l’audience. Durant les cinq à sept rencontres prévues dans le programme, l’intervenant n’aborde pas le contenu du témoignage, mais sensibilise l’enfant mineur aux procédures, aux lieux et au langage utilisé.

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« La première rencontre nous permet d’identifier un événement de vie heureux qui nous sert de base de travail pour développer les aptitudes langagières de l’enfant. L’idée est d’installer un climat bienveillant où il se sente libre de parler. On s’appuie aussi sur des techniques de relaxation, de l’imagerie et des jeux. Lors de la dernière séance, on essaie de se rendre sur place pour voir la salle du tribunal et rencontrer un magistrat ou un greffier », détaille Axelle Cormier, formatrice.

Femmes et personnes vulnérables

Sur orientation, essentiellement de la part d’avocats et principalement après l’audition, cette méthode a longtemps été cantonnée à Rennes, siège de l’association. Récemment, elle a élargi son champ d’action à d’autres territoires (2) grâce à un coup de pouce du ministère de la Justice. « Ce dernier a validé le protocole et a suggéré de l’ouvrir aux femmes et aux personnes vulnérables, ce qu’on va faire. Depuis, nous sommes très sollicités », observe Laurence Brunet-Jambu.

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Reste que le nombre de professionnels formés est encore insuffisant. « Inutile qu’ils soient trop nombreux, mais pour que cela bouge vraiment, il faudrait que, dans chaque département, il en existe une dizaine – magistrats, travailleurs sociaux, avocats, gendarmes, psychologues d’unité d’accueil pédiatrique des enfants en danger (Uaped) », évalue Emmanuelle Vinayagasoundirame. Un premier pas a déjà été franchi à Rennes, où les gendarmes utilisent Calliope au cours de leurs auditions.


(1) bit.ly/47Cl5Yh.
(2) La Sarthe, la Mayenne, le Morbihan, les Côtes-d’Armor et, à venir, la Haute-Savoie, le Finistère, etc.

 

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