La sortie brutale des dispositifs de l’aide sociale à l’enfance (ASE) à l’âge de 18 ans, représente un couperet. Très difficile à vivre, cette situation est dénoncée depuis des années par de nombreux enfants placés.
Auditionnée par la Haute Autorité de Santé, dans le cadre de l'élaboration de la recommandations de bonnes pratiques professionnelles pour mieux accompagner vers l'autonomie les enfants relevant de la protection de l’enfance, la CNAPE (Fédération nationale des associations de protection de l’enfance) a livré son analyse, qui repose sur quelques principes :
- L’accès à l’autonomie doit se préparer au long cours, bien avant la sortie des dispositifs, et « découler de l’ensemble des actions éducatives » menées en protection de l’enfance.
- L'autonomie s’acquiert de manière progressive à des stades et à des rythmes propres à chacun.
- Sa préparation ne se limite pas aux ressources financières, mais inclut l’autonomie affective et psychique, dont la réussite scolaire, l’insertion, le logement, la stabilité professionnelle, affective, et la santé psychique.
- Selon les capacités de chacun, cette préparation peut aboutir à une autonomie pleine ou partielle. Dans ce dernier cas, un projet d’accompagnement élaboré très en amont de la majorité est nécessaire, incluant parfois une orientation vers des structures d’accompagnement d’adultes porteurs de handicap.
Des avancées législatives aux effets encore insuffisants
La fédération rappelle les dernières avancées législatives, aux « effets encore insuffisants et inégaux entre les territoires », et l’existence de dispositifs déployés de manière très inégale. Elle pointe également des initiatives locales à mettre en avant, et à développer, dans les MECS et à partir de réponses pénales.
En conclusion, la CNAPE préconise la mise en place d’une « période de transition », dont l’objectif serait d’assurer une « passerelle entre le milieu spécialisé et le droit commun » pour éviter une rupture brutale. Cette période serait définie dans un cadre contractuel, reposant sur un double accompagnement spécialisé et de droit commun, dont la durée varierait en fonction des besoins du jeune.
Une meilleure formation des professionnels
Autres recommandations : une meilleure formation des professionnels - notamment des assistants familiaux -, à l’accompagnement vers l’autonomie des jeunes confiés, une mesure d’AESF (accompagnement en économie sociale et familiale) pour gérer son budget, le développement du soutien par des tiers (parrains, mentors, pairs). Enfin, une meilleure information très en amont sur les études universitaires et les aides possibles (bourse automatique à l’échelon 7, accès à des logements étudiants…) de façon à permettre aux jeunes de l’ASE d’envisager d’autres voies que les formations courtes et la professionalisation.