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Isabelle Santiago : « Chaque instant perdu met davantage en péril les enfants en détresse »

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Isabelle Santiago était députée PS du Val-de-Marne jusqu'à la dissolution de l'Assemblée nationale le 9 juin 2024.

Crédit photo DR
La dissolution de l'Assemblée nationale a entraîné mécaniquement l'arrêt de la commission d'enquête parlementaire sur les manquements des politiques publiques en protection de l'enfance. Sa rapporteure Isabelle Santiago se désole des conséquences de cette interruption sur la situation des mineurs protégés, qui constitue selon elle « une urgence absolue ». Et reste déterminée à continuer « le combat ».   

Isabelle Santiago est à l'initiative de plusieurs textes de loi sur les violences familiales, et à l'origine de la création de la commission d'enquête sur les manquements des politiques publiques en protection de l'enfance. La députée PS était jusqu'à la dissolution la rapporteure de l'instance interrompue en plein travaux. 

 

ASH : Quelles répercussions la dissolution de l’Assemblée nationale a-t-elle sur la commission dont vous êtes le rapporteur ?

Isabelle Santiago : A partir du moment où le président de la République signe le décret, il met automatiquement fin à la législature et entraîne donc l’interruption de tous les travaux en cours au sein de celle-ci. Propositions de loi, missions d’information, commissions d’enquête, tous les compteurs sont remis à zéro. Comme les autres, la commission sur les manquements des politiques publiques de protection de l’enfance est donc stoppée net.

Comment réagissez-vous à cette interruption inattendue ?

J’ai reçu de nombreux appels des personnes que nous avons auditionnées qui n’arrivaient pas à y croire et étaient catastrophées. De mon côté, j’ai le cœur brisé. Si je suis réélue, j’ai la ferme intention, dès le prochain droit de tirage de mon groupe politique, de déposer une nouvelle demande de commission d’enquête concernant les manquements autour de la protection de l’enfance. Mais, même dans ce cas, le temps perdu d’ici là, où il ne va rien se passer, me fatigue et m’attriste réellement.

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Après avoir déjà connu les changements réguliers de ministres où, en attendant que chacun s’installe et comprenne les enjeux, on perd un temps fou. Tout reprendre une fois encore depuis le début m’est insupportable. En filigrane, je vois les visages des enfants accompagnés que j’ai rencontrés, l’augmentation de 45 % du nombre de bébés confiés à la protection de l’enfance. Je pense à mes visites dans les départements du Nord, ou du Puy-de-Dôme, les choses terribles que ces petits subissent, victimes pour certains de ce que les juges qualifient eux-mêmes « d’acte de barbarie ». Effondrée de savoir ce que ces enfants continuent à vivre pendant cette interruption, car chaque instant perdu met davantage en péril leur développement, je me sens aussi combative pour poursuivre la mobilisation que nous avons enclenchée.

Vous deviez remettre vos conclusions en octobre 2024. Que va-t-il advenir de vos travaux ?

Tout le travail que nous avons mené tombe à l’eau. Mais je reste dépositaire de ce que nous avons engrangé. Des paroles entendues, des déplacements et de l’ensemble des documents rédigés à la suite de notre mission. Je compte poursuivre ce qui m’apparaît comme une urgence et devrait être une priorité nationale absolue. Je connais les combats à mener. Notamment celui d’inscrire la protection de l’enfance dans une politique de l’enfance plus globale, tant les sujets qui gravitent autour de cette question – santé, violences conjugales, éducation nationale – sont nombreux. Accentuer la prévention, par exemple à travers le soutien à la parentalité, améliorer les conditions de travail des professionnels, par le biais de normes d’encadrement, intensifier l’accompagnement dans les 1 000 premiers jours de l’enfant font, entre autres, partie des priorités. Tant que l’exécutif ne se bougera pas, je resterai mobilisée par la colère qui m’anime.

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