« La première mission de notre commission est de recueillir la parole des victimes de façon à ce que leur histoire nous permette de réfléchir à une politique publique contre l’inceste », confiait au printemps dernier aux ASH Nathalie Mathieu, co-présidente avec le magistrat Edouard Durand, de la commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) et directrice générale de l’association Docteurs Bru.
Le 21 septembre, ce sera chose faite puisque la nouvelle plateforme de recueil de la parole des victimes sera inaugurée dans les locaux du Collectif féministe contre le viol, qui prendra en charge les témoignages. Leur analyse permettra de formuler des préconisations à l’attention des pouvoirs publics, sur la prévention, le repérage, la protection, les soins et l’accompagnement aux victimes, ainsi que sur la sanction et le traitement des agresseurs.
#MeTooInceste et ses conséquences
Le 23 janvier dernier, le président de la République avait annoncé la création de cette nouvelle commission, après la publication du roman de Camille Kouchner, La familia grande, qui raconte les viols de son beau-père sur son frère jumeau, et du mouvement qui en a découlé, et les témoignages de milliers de victimes sur les réseaux sociaux sous le hashtag #MeTooInceste.
En France 1 personne sur 10 déclare avoir été victime d’inceste. Parmi elles, 78 % sont des femmes et 22 % des hommes (Ipsos, Novembre 2020). Dotée d’un budget de quatre millions d’euros, la commission compte 27 membres issus des domaines de la santé, de la justice, de la police, du social, de la recherche et du milieu associatif représentatif des victimes.
Outre l’analyse des témoignages, elle se penchera plus particulièrement sur les pratiques, la formation et l’accompagnement des professionnels, les soins et le suivi post-traumatique, la justice et la police, la recherche et les enjeux de société. « L’inceste est l’expression d’une forme de domination masculine dans l’organisation de la société, explique Nathalie Mathieu. Il faut commencer très tôt à mieux éduquer. Car si on améliore le repérage en continuant à alimenter cette société de domination, on ne pourra pas venir à bout de ce fléau. Il faut agir sur tous les tableaux. Et déterminer quelle société nous voulons demain pour nos enfants. »
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