Sensibiliser, accompagner, former : tels sont les maîtres-mots du programme Safe, initié par Droit d’enfance. Depuis plusieurs années, la fondation francilienne, qui porte le numéro européen d’urgence « 116 000 Enfants disparus », constate une forte augmentation des conduites prostitutionnelles, qu’elles soient à l’origine de la fugue ou pendant celle-ci, de façon contrainte ou comme moyen de survie.
« La nécessité pour les mineurs en fugue de trouver un abri en fait des proies faciles pour tout type de réseaux et les expose davantage à des violences (délinquance, trafics, exploitation sexuelle), explique Droit d’enfance. Ces pratiques sont le plus souvent accompagnées d’autres comportements à risque tels que des consommations de stupéfiants et d’alcool. » Le programme Safe entend donc prévenir la fugue des mineurs et les sensibiliser aux risques. Parce que l’âge moyen de la fugue est estimé à 15 ans, des ateliers seront menés dès la fin novembre à destination des élèves de 4e et 3e et des équipes pédagogiques. En appui de ces activités, la fondation diffuse un livret pédagogique dédié aux jeunes, « Je me sauve », disponible en téléchargement sur son site Internet ou en version papier.
Coopération entre services
En matière d’accompagnement, Safe va renforcer l’action du « 116 000 Enfants disparus ». Composée de juristes, de psychologues et d’une éducatrice spécialisée, l’équipe du numéro d’urgence conseille les familles confrontées à la disparition d’un enfant, jusqu’à son retour. Un espace de parole et d’échange est proposé à l’adolescent pour qu’il puisse se confier, et qu’émerge un début de réflexion sur les alternatives à la fugue. « L’accompagnement, pour être efficace, doit être personnalisé et nécessite une coopération entre les différents services notamment l’aide sociale à l’enfance [ASE] et la police, souligne Droit d’enfance. Par exemple, une jeune fille de 16 ans qui était en fugue depuis plusieurs mois, et exploitée dans un réseau de prostitution, a ainsi pu accepter d'être mise à l’abri après plusieurs échanges téléphoniques et une coordination entre notre service et les services de police concernés. »
Enfin, le projet permettra de former les enseignants et les travailleurs sociaux intervenant en milieu scolaire ou dans des structures d’accueil d’adolescents (maisons d'enfants à caractère social [Mecs], plannings familiaux, etc.). « Former ces professionnels à connaître les types et motifs de fugue, le processus menant aux conduites prostitutionnelles et autres conduites à risque ou encore le cadre légal de signalement et les actions possibles, leur permettrait d’être à même de pouvoir repérer les situations à risque », explique la fondation.
Le projet sera présenté en détail lors d’un webinaire organisé par Droit d'enfance le lundi 6 décembre de 11 h à 12 h 30.