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Des bénévoles à la rescousse de l’ASE ?

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ASE-  SOI - POUPONNIERE DU CENTRE DE L ENFANCE - CHANTEPIE

Face au manque criant de places en structure, la collectivité européenne d'Alsace fait appel à la générosité des Alsaciens". 

Crédit photo Francois Lepage
Confrontée, à l’image d’autres départements, à un manque chronique de personnel, la collectivité européenne d’Alsace s’est dotée d’une enveloppe annuelle de 4 millions d’euros pour financer 500 mesures alternatives à l’accompagnement habituellement confié aux professionnels.

« On a des éducateurs spécialisés, des assistants familiaux qui font un travail extraordinaire ! Mais nous avons aussi de plus en plus de mineurs isolés étrangers, et face à cet afflux, on n’arrive plus à créer de place. » Fort de ce désormais habituel constat, dressé le 24 septembre dernier, Frédéric Bierry, président de collectivité européenne d’Alsace (CEA), s’est finalement résolu à l’inimaginable : implorer « la générosité des Alsaciens ». Autrement dit, la CEA a lancé un appel aux bénévoles pour accueillir durablement des mineurs confiés à l’aide sociale à l’enfance (ASE) du Bas-Rhin et du Haut-Rhin.

L’élu s’appuie sur la loi « Taquet » de février 2022 qui incite les départements à recourir à des tiers dignes de confiance (TDC) et des tiers bénévoles administratifs (TBA) pour éviter les placements institutionnels. Le TDC est recruté dans l’entourage d’un mineur faisant l’objet d’un placement judiciaire. Le TBA concerne les mineurs pris en charge par l’ASE dans un cadre administratif.

>>> A lire aussi: Dossier juridique : Le tiers digne de confiance (1/4)

Plus familière des TDC, la CEA avait déjà expérimenté le dispositif TBA pour quelques mineurs isolés étrangers et des enfants dont les tiers étaient issus du cercle familial. A la rentrée, elle a désigné l’association SOS France victimes pour promouvoir plus largement cet engagement, évaluer les volontaires et les accompagner sur le plan éducatif.

Pas de formation prévue

La collectivité promet un effort préalable « d’information fine » aux intéressés. Elle ne prévoit pas de formation, mais « des visites à domicile et des rencontres régulières ». Les tiers vont percevoir une allocation mensuelle de 490 € à 610 € selon l’âge de l’enfant. La CEA s’est dotée d’une enveloppe annuelle de 4 millions d’euros pour financer 500 mesures TBA et TDC. « Les bénévoles peuvent être une chance magnifique pour des enfants de trouver des ressources hors du collectif, reconnaît un éducateur (les professionnels ont souhaité rester anonymes). Mais dans un contexte où les professionnels aguerris désertent, cette annonce envoie d’abord le message : "là où vous n’y arrivez pas alors que vous êtes formés, des bénévoles vont y arriver " », regrette-t-il.

Une assistante familiale n’est pas moins inquiète : « Les bénévoles sont des personnes qui vont faire la même chose que moi sans agrément. La loi “Taquet” pourrait faire passer ma formation obligatoire de 300 à 500 heures. On se demande pourquoi on nous forme et pourquoi on fouille nos vies. » Une cadre estime, elle, que les TBA et les TDC pourraient désengorger les services d’action éducative en milieu ouvert. « Mais cela ne répondra pas à la problématique de fond du manque de places en foyers et des placements judiciaires non exécutés », juge-t-elle.

Des interrogations d’autant plus légitimes à l’heure où les affaires concernant des mineurs confiés à des professionnels insuffisamment contrôlés ne cessent de s’accumuler.

>>> A lire aussi: "Il reste encore beaucoup à faire en matière de contrôle" (Anne Devreese)

 

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