« Ce film, je l’ai fait pour tous ceux qui enfouissent leurs souffrances au plus profond d’eux-mêmes, à un endroit où personne ne pourra les deviner et d’où elles les dévorent peu à peu. Un mutisme extérieur cache souvent un esprit qui hurle à s’en briser la voix », explique la réalisatrice belge Veerle Baetens.
Son premier long métrage « Débâcle », qui sort sur les écrans français le 28 février, est une adaptation du roman de Lize Spit (Het Smelt, Débâcle en français), un best-seller traduit dans 15 langues sur la violence d’adolescents en mal de repères. Une violence qui va tourner au drame. Le film raconte l’histoire d’Eva, 13 ans, et de ses deux copains, Tim et Laurens, nés la même année qu’elle dans la région d’Anvers. Dans leur petit village où il n’y a pas grand-chose à faire, les deux garçons commencent à regarder les filles.
« Tu n'es qu'une salope »
Mais pas Eva, qui avec ses cheveux courts, son corps d’enfant et son innocence, ne les intéresse pas. Elle qui se sent malaimée par une mère alcoolique et un père distant cherche pourtant à attirer leur attention, surtout celle de Tim qui pour tromper l’ennui de sa campagne va proposer un jeu cruel aux filles du coin. Eva est chargée d’inventer une devinette. A chaque réponse fausse, les participantes devront enlever un vêtement. Progressivement le piège se referme : « tu n’es qu’une salope qui laisse ses amis faire ça », lui lance Elisa, ado sexy et fille à papa.
Le film, dur et bouleversant, oscille entre flashs-back sur Eva adolescente et Eva adulte, au visage fermé et triste, qui se trimballe avec un énorme bloc de glace, bien décidée à affronter son passé. Trauma, silence, révélation… Interdit au moins de 12 ans, le film est soutenu par la Cnape, spécialisée dans la protection de l’enfance, Innocence en danger, France Victime et SOS Amitié. Sa sortie est accompagnée d’un dispositif « cinéma safe », avec la communication de numéros nationaux de prévention des violences sur mineurs et la mise en place d’un espace d’écoute dédié après la projection.