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Dans la Vienne, la prév’ affaiblie, les éducs mobilisés

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Le 4 avril dernier, lors de la manifestation nationale du secteur social et médico-social, les professionnels de la Vienne étaient réunis devant le conseil départemental à Poitiers. 

Crédit photo E. Neveux
Les éducateurs de la Sauvegarde de l’enfance à l'adulte (ADSEA) de la Vienne appellent à manifester lundi 29 avril à Poitiers. Ils protestent contre la décision du département, votée en séance plénière, de baisser d’un quart la dotation allouée au service de prévention spécialisée.

Un site Internet, une tribune, une pétition, un appel à manifestation, des rencontres avec les élus de l’opposition… En une quinzaine de jours, l’intersyndicale CGT – Sud Santé Sociaux a réagi tous azimuts à la baisse des moyens consacrés au service de prévention spécialisée de la Vienne. Entérinée le 29 mars dernier, par un vote de l’assemblée départementale, elle ampute de 250 000 euros le budget initial de 1,1 million d’euros.

Le département a demandé à l’Association départementale de la Sauvegarde de l’enfance à l'adulte (ADSEA), la délégataire du service qui intervient à Poitiers et Châtellerault, de formuler « des propositions pour enlever le minimum d’éducateurs », explique l’élue en charge de l’action sociale, Rose-Marie Bertaud.

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Selon les estimations de l’intersyndicale Sud - CGT, cette baisse de moyens aurait pour impact la suppression de cinq postes d’éducateurs et la disparition du service sur trois des neuf territoires. Environ 400 enfants et familles ne seraient alors plus accompagnés, selon son décompte.

« C’est une attaque forte contre la prévention spécialisée. On sert de variables d’ajustement », fulmine Anne-Sophie Souchaud, élue Sud Santé sociaux. L’éducatrice de rue considère ce choix comme un mauvais calcul : « En tant que premier maillon du système de protection de l’enfance, on prévient la dégradation des situations. S’il n’y a plus de professionnels sur le terrain, les alertes se feront plus tard, avec des mesures d’AED, d’AEMO, voire de placements. »

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« On n’abandonne pas la prévention spécialisée, mais je n’ai pas de solutions miracles pour tout financer », rétorque Rose-Marie Bertaud au Département, qui se défend de délaisser les quartiers. « La prévention spécialisée est un des volets de la prévention de la délinquance. L’Etat est aussi présent à travers la politique de la ville. Et le Département maintient ses permanences sociales dans tous les quartiers. »

Confronté, comme tous les départements, à une équation budgétaire complexe, la collectivité a malgré tout voté une augmentation du budget de la protection de l’enfance de 5 millions d’euros. Une hausse quasi mécanique, liée à des facteurs extérieurs, selon elle. « Elle finance des hausses de salaires, de frais d’alimentation dans nos structures, mais aussi des créations de places d’AEMO, des nouveaux dispositifs pour les enfants à difficultés complexes et l’arrivée de mineurs non accompagnées… »

Le soutien de personnalités

L’intersyndicale appelle à un rassemblement lundi 29 avril à 8h30 devant le conseil départemental, à Poitiers, à l’occasion de la réunion d’une commission permanente. Soutenus par la coordination nationale du travail social en lutte, les professionnels de la Sauvegarde seront rejoints par des travailleurs sociaux d’une quinzaine d’autres départements.

Lancée le 9 avril, la pétition « Sauvons les éducs de rue de Poitiers et Châtellerault » a recueilli à ce jour près de 2 500 signatures. La tribune, publiée sur le site sauvonslaprév86 a, elle aussi, reçu le soutien de nombreuses organisations et personnalités. Parmi elles : les sociologues Véronique Le Goaziou et Daniel Verba, l’assistant social et formateur Laurent Puech, le directeur de l’Association de prévention spécialisée nationale (APSN) Johnny Herbin, ou encore le syndicaliste Philippe Poutou.

Toujours sur le site, des parents du quartier et des acteurs de la prévention spécialisée soutiennent l’action du service. Dans un long texte, Evelyne Flachat, intervenante en analyse des pratiques, appelle à « ne pas affaiblir » les équipes d’éducateurs : « Elles sont les derniers remparts de protection, concourant à notre sécurité à tous. » 

Sur le même sujet : De l'ombre à la lumière

Cette situation, qui intervient alors que d’autres départements remettent en cause leur soutien au service, relance le débat sur la considération des élus envers la prévention spécialisée. « Ce n’est pas nouveau, explique Anne-Sophie Souchaud. On fait un travail de l’ombre, souterrain. La question de l’anonymat gène les politiques. Et on nous reproche de ne pas démontrer notre utilité sociale. » Avec, en filigrane, le risque de voir les missions glisser vers la prévention de la délinquance.

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