« Il faut en finir avec les constats sensationnalistes et le bashing systématique des services sociaux », prévenait Départements de France dans son communiqué du mardi 8 avril 2025, à la suite de la publication des travaux de la commission d'enquête parlementaire sur les manquements des politiques de protection de l’enfance.
Le cas de la Loire-Atlantique est à ce titre emblématique. À Nantes, le président du département Michel Ménard ne cache pas son exaspération. Entre 2021 et 2025, le budget de l’ASE a bondi de 160 à 246 millions d’euros. Pourtant, les services restent débordés. Les situations complexes se multiplient. Et l’État ne suit pas. « Il y a urgence à une réforme d’ampleur. Nos dispositifs sont sous tension permanente. » De fait, le département se retrouve seul face à des enfants relevant du soin ou de la justice. L’enjeu ? Ni plus ni moins qu’ « une crise de santé publique », selon cet ancien député.
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L'association Départements de France appuie ce constat. Les dépenses liées à la protection de l’enfance ont augmenté de 76 % entre 2007 et 2022 - avec 400 000 enfants protégés - atteignant aujourd’hui 10 milliards d’euros par an. Mais l’association prévient : l’effort ne peut plus être unilatéral, « on ne pourra pas faire mieux avec moins ». Et pas question de recentraliser. L’idée de confier à l’État la gestion de l’ASE est qualifiée d’« inefficace et irréaliste ». Selon l'association, plutôt que de demander aux départements « de prendre toujours plus d’enfants en charge, sans en interroger les causes », il faut « une ambition interministérielle, des financements pluriannuels, et le respect des collectivités ».
La prévention oubliée
Consciente qu'il convient d'agir en amont, de prévenir plutôt que de réparer, Départements de France alerte également sur les « angles morts » des politiques publiques :
- prévention périnatale absente,
- accompagnement des familles fragilisé,
- environnement de l’enfant relégué.
Un manque de prévention qui suscite de vives critiques dans le département du Nord, où la gestion de Christian Poiret a notamment entraîné une mobilisation des travailleurs sociaux en février dernier. Dans un communiqué daté du 9 avril, le syndicat SUD dénonce une politique « mortifère », menée depuis plus de dix ans par le président du conseil départemental. Services PMI supprimés, subventions à la parentalité coupées, moyens de prévention sabrés, il est accusé d'avoir « démantelé les outils de protection de l’enfance dans le département ». Le syndicat appelle à sa démission.
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