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Caroline Rey-Salmon : « La Ciivise va entrer dans une phase plus opérationnelle »

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Caroline Rey-Salmon, vice-présidente de la Ciivise : « Nous avons toute latitude pour constituer une nouvelle équipe et définir une feuille de route précise d’ici au 15 janvier. »

Charlotte Caubel a annoncé le 11 septembre dernier la nomination d'un nouveau binôme pour piloter l'élargissement des missions de la Ciivise (Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants). Caroline Rey-Salmon, vice-présidente de la commission, s'engage à la continuer avec indépendance et à viser de nouvelles missions plus « opérationnelles »... tout en valorisant les travaux précédents de la Ciivise 1. 

Pédiatre, médecin légiste et coordonnatrice des urgences médico-judiciaires à l'hôtel Dieu, Caroline Rey-Salmon est aussi expert auprès des tribunaux. 

ASH : A quand remonte votre intérêt pour la lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants ?

Caroline Rey-Salmon : A très loin ! J'ai découvert la question de la maltraitance des enfants à l'hôpital Bicêtre (dans le Val-de-Marne), en tant qu’interne puis comme cheffe de clinique spécialisée en médecine pour adolescents. Chargée par mon responsable d’un programme pour les adolescents qui avaient commis des tentatives de suicide, je me rendais chaque matin aux urgences pour rencontrer ces jeunes et leur proposer une hospitalisation de rupture de quelques jours, au cours de laquelle nous pourrions faire un point sur leur santé physique, psychologique mais aussi leur situation sociale, avec eux et avec leurs parents.

A cette occasion, beaucoup d'adolescents me confiaient qu’ils avaient commis ces gestes parce qu'ils étaient victimes de violence physique ou de violence sexuelle. A l’époque, en tant que pédiatre, je me suis trouvée très démunie devant ces problématiques, maîtrisant mal les circuits du signalement et plus généralement de la protection de l'enfance. Afin de connaître tous les outils à ma disposition pour pouvoir mieux traiter les jeunes qui m'étaient confiés, j'ai entamé des études de droit pénal, puis je me suis lancée dans la médecine légale. Constatant l’ampleur de ce phénomène, j'ai ensuite décidé d'ouvrir une unité médico-judiciaire pédiatrique à l'hôpital Trousseau (à Paris) en 2003. Depuis, je ne cesse de m'occuper des mineurs victimes.

Quelles ont été les conditions de votre nomination ?

Lundi 11 décembre, j’ai été contactée par Charlotte Caubel (secrétaire d'Etat chargée de l'enfance) qui m’a proposée la vice-présidence. Elle m’a tout de suite dit qu’elle souhaitait que cette commission se poursuive dans l'esprit d'indépendance qu'elle avait connu. Elle a aussi précisé qu’elle désirait qu'on entre dans une phase plus opérationnelle, tout en prenant en compte l'immense travail effectué par Nathalie Mathieu et Edouard Durand. Cette garantie d'indépendance et la confiance que j'ai ressentie m'ont poussée à accepter cette mission. D’autant qu’après 42 ans passés à l’hôpital public, je vais être à la retraite de cette fonction, et avoir du temps pour m’atteler à cette belle œuvre.

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La commission sera-t-elle entièrement recomposée ?

Nous avons toute latitude pour constituer une nouvelle équipe et définir une feuille de route précise d’ici au 15 janvier. Nous choisirons les nouveaux membres les plus aptes à traiter des sujets que nous devons examiner.

Comment prend-on la suite d’Edouard Durand, particulièrement plébiscité par les professionnels ?

Je comprends les déceptions qui ont été exprimées et je ferai de mon mieux avec tout mon cœur pour être à la hauteur de la mission que m'a confié Charlotte Caubel. Je salue le travail réalisé par les deux anciens présidents et leur équipe. Le rapport qu’ils ont rendu sera un tremplin pour nous aider à poursuivre leur tâche. Il y a eu une Ciivise 1, et la Ciivise 2 compte s’appuyer sur tout ce que la première phase a apporté.

Les chantiers précédents vont-ils être poursuivis ?

Les 82 préconisations, dont un grand nombre emporte mon adhésion, vont être mises en œuvre par le gouvernement. La ministre m’a annoncé qu’elle s’en était emparée et qu’elle travaillait déjà à les mettre en place. Après le recueil des témoignages de la première commission, qui ont mis en avant les anciens enfants victimes, nous allons particulièrement nous concentrer sur les mineurs victimes aujourd'hui.

Quelles sont vos priorités ?

Concernant le mode de fonctionnement, il ne variera pas : des plénières auront toujours lieu dans lesquelles nous inviterons des experts pour échanger avec eux. Pour ce qui est des sujets, nous avons déjà prévu de nous occuper particulièrement des auteurs mineurs, qui reproduisent les maltraitances dont ils ont eux-mêmes été victimes, des victimes en situation de handicap, de la cyber-pédocriminalité, de la prostitution des mineurs, qui est en forte expansion. En tant qu’expert près des tribunaux, je souhaite également accentuer la formation des experts. Il m’est difficile d’établir des priorités car tous ces thèmes me tiennent à cœur. Derrière tous ces thèmes, il y a des enfants, des petits dont on doit s’occuper.

Comment allez-vous aborder votre rôle de vice-présidente ?

J'espère avoir l’attitude la plus appropriée possible pour m'atteler à cette tâche et m'occuper, avec les autres membres de la commission, à monter les projets avec le président. 

Quel binôme formerez-vous avec Sébastien Boueilh ?

Nous nous connaissons et nous entendons très bien. Cela fait des années que nous travaillons ensemble sur le thème de la prostitution notamment : nous avons par exemple bâti des outils pour la formation des professionnels après un appel à projet de l’ancien ministre chargé de l’enfance, Adrien Taquet. Nous avons beaucoup de points communs, comme un certain franc-parler : nous disons ce que nous pensons et nous pensons ce que nous disons. Au-delà de ces convergences, je pense que nous allons former une équipe complémentaire parce que nous avons un parcours différent. Sébastien est un homme de cœur et de terrain, capable d’arriver à des résultats extraordinaires grâce à une vitalité et une énergie incroyables. Je suis peut-être un peu plus industrieuse ! Mais entre nous, cela fonctionne très bien.

 

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