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Bruno Zilberg : pendant le confinement, « il y a des enfants qui s’effondrent, mais d’autres qui s’adaptent »

Bruno Zilberge

Bruno Zilberge

Crédit photo DR
Psychologue, directeur général du groupement associatif Cithéa, Bruno Zilberg pointe les effets induits par la suspension du droit de visite et d'hébergement (DVH), puis par sa future reprise, sur les enfants accompagnés par l'aide sociale à l'enfance.

Actualités sociales hebdomadaires : Quelles sont les conséquences de la suspension des DVH pour les enfants placés ?

Bruno Zilberg : Comme pour tous les enfants, la première conséquence est la rupture de leur quotidien dans la relation à leurs parents. Néanmoins, pour les enfants placés, leur rythme a été profondément impacté selon la fréquence de ces rencontres parentales, soit une fois par semaine, le week-end ou tous les quinze  jours. Lors de la mise en confinement, les foyers ont été dépassé comme tout le monde, car personne n’était préparé à une telle situation. La priorité a été, pour eux, plus sanitaire qu’émotionnelle et, dans les premiers temps, les mises en relation par téléphone et visioconférence entre les parents et les enfants étaient extrêmement complexes en termes d’organisation et de matériel numérique. A présent, cela s’est plus ou moins régularisé.

Une telle situation peut-elle engendrer un mal-être chez ces enfants ?

Les enfants en protection de l’enfance ont une problématique abandonnique extrêmement forte, et la modulation de la présence de leurs référents – dont les parents – a des conséquences sur leur humeur. Pour certains, les problématiques d’attachement vont être ravivées, ils vont se replier sur eux-mêmes ou encore s’agiter, avec la réapparition des troubles du comportement. La gravité de ces effets est liée à leur histoire de vie. Plus la structuration du lien entre le parent et l’enfant est abîmée, plus l’enfant va se trouver en difficultés. Mais, à côté, il y a des enfants qui ont une capacité de résilience très forte et qui s’adaptent très bien à la relation dématérialisée, car ils sont de plus très à l’aise avec les outils numériques. Ainsi, le tableau n’est pas tout noir. Il y a effectivement des enfants qui s’effondrent, mais aussi d’autres qui s’adaptent.

La reprise des DVH va-t-elle nécessiter un accompagnement particulier pour les enfants de l’aide sociale à l’enfance ?

Le retour chez les parents ne va pas forcément être simple. Certains enfants seront dans l’impatience, d’autres seront dans la résistance. Il va falloir gérer les frustrations des impatients et les angoisses des autres. Ce sera le premier travail à mener. Les équipes psycho-éducatives des lieux d’accueil des mineurs auront un rôle déterminant à jouer. Et, du côté des espaces de rencontre (fermés depuis le confinement) et des structures de visite en présence d’un tiers, il va falloir organiser des entretiens individualisés avec les enfants mais aussi avec les parents avant de relancer les visites. Il faut travailler cette reprise de contact. Cela ne va pas se faire du jour au lendemain.

 

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