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Commission d'enquête ASE: les 9 propositions du comité de vigilance

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Anne-Solène Taillardat, Lyes Louffok et Diodio Metro ont été entendus hier par les députés

Auditionnés par les députés de la commission d'enquête sur les manquements des politiques publiques en protection de l'enfance, trois représentants des anciens enfants confiés à l'ASE ont rappelé la situation alarmante du système d'accompagnement des enfants placés.  

« Notre expertise expérientielle doit-être entendue. Rien pour nous sans nous. » C’est par ces mots qu’Anne-Solène Taillardat a débuté son intervention le 14 mai devant la commission d’enquête sur les manquements des politiques publiques de protection de l’enfance. Une formule sans ambiguïté pour rappeler la détermination du comité de vigilance, auquel elle appartient, à participer activement aux débats. Dès le 19 mars, ce regroupement d'anciens enfants placés initié par l’association les Oubliés de la République s’était constitué pour faire entendre la voix des principaux concernés au sein des travaux de la commission.

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Ils ont été entendus puisque le groupe de députés a décidé de commencer son cycle d’auditions par le recueil de la parole de ces premiers concernés. Chacun leur tour, Lyes Louffok, Anne-Solène Taillardat et Diodio Métro ont entamé la litanie des jeunes confiés récemment décédés: Lily 15 ans, Myriam 15 ans, Jesse 17 ans, Anthony 17 ans… Mais ils ont aussi cité Seidou, Flo, Lola, Rose, Nacim qui « dorment tous à la rue ce soir ». « On pourrait continuer ces listes pendant des heures. Cette sombre énumération de tragédies illustre l’ampleur du désastre dans lequel sont placés les enfants confiés. Le système actuel, loin de les protéger expose à des risques et des abus, regrette Lyes Louffok. Ces enfants sont sous notre responsabilité collective, on ne peut plus détourner le regard. »

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Une fois encore, les trois porte-paroles ont dressé un état des lieux chiffré alarmant. « Si un parent traitait son enfant comme l’Etat traite ceux qui lui sont confiés, on lui retirerait sans hésiter », martèle Diodio Metro.

  • Les 2/3 des enfants placés ont un an de retard à l’arrivée en 6e.
  • 70% des jeunes de l’ASE achèvent leur scolarité sans diplôme.
  • 77% des juges pour enfants renoncent à prononcer des mesures de protection car ils savent que les collectivités n’ont pas les moyens de les exécuter.
  • 40% des personnes de moins de 25 ans à la rue sont issues de l’aide sociale à l’enfance. « Est-il normal que leur vie d’adulte commence avec pour tout bagage un sac poubelle ? », se désespère l’ancien enfant confiée devenue travailleuse sociale.
  • 50% des mineurs prostitués viennent de l’ASE.
  • 34% des enfants décédés étaient connus des services de l’ASE.

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Les trois représentants de la commission de vigilance ont aussi élaboré des propositions pour « transformer radicalement » l’accompagnement des mineurs en danger.

  • Mettre en place un organisme de contrôle indépendant du département.
  • Organiser le recueil de données au niveau national.
  • Instaurer un taux d’encadrement minimum.
  • Améliorer la formation et les conditions de travail des professionnels.
  • Raccourcir les délais d’application des mesures. « Aujourd’hui, elles ne sont exécutées au mieux que 12 à 18 mois après la décision du juge », rappelle Anne-Solène Taillardat.
  • Faire accompagner tous les mineurs suivis par l’ASE par un avocat.
  • Recentraliser la protection de l’enfance. « Les départements qui ont des possibilités d’action trop limitées se contentent souvent de faire des appels d’offre pour déléguer au secteur associatif et le financer », précise Lyes Louffok.
  • Accompagner les jeunes majeurs qui sortent du dispositif ASE jusqu’à 25 ans. « En moyenne, un jeune majeur quitte sa famille à 24 ans. Pourquoi ne plus accompagner les bénéficiaires au-delà de 21 ans ? » s’interroge Diodio Metro.
  • Elaborer le fichier national d’agrément des assistants familiaux prévu par la loi.

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Protection de l'enfance

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