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ASE : « Des mineurs jugés en danger sont laissés à domicile pendant plusieurs mois »

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Crédit photo © France Télévisions Olivier Quentin
La mort d’un garçonnet à son domicile, le 1er juillet dernier dans la Sarthe, alors qu’il devait être placé, ravive les inquiétudes du secteur. Le manque de moyens, la saturation de l’offre et les lourdeurs judiciaires assignent les professionnels à une impuissance anxiogène.

Ils ont l’impression de devoir vider la mer à la petite cuillère. Manque de moyens et de volonté politique, décisions judiciaires de placement non appliquées, saturation de l’offre, les professionnels de la protection de l’enfance de la Sarthe ont manifesté leur inquiétude, vendredi 7 juillet au Mans, devant l’annexe du conseil départemental, chargé de l’aide sociale à l'enfance (ASE).

Encore sous le choc une semaine après la mort accidentelle du petit Amine (3 ans), tombé du troisième étage de son immeuble une semaine auparavant à Sablé-sur-Sarthe, une soixantaine d’éducateurs et d’agents voulaient dénoncer le contexte même de ce drame. L'enfant n’aurait jamais dû se trouver chez lui, un juge ayant ordonné son placement deux jours plus tôt.

80 enfants en attente de placement

Selon les syndicats CGT et CFDT, la décision n’a pas pu être appliquée en temps et en heure, faute de place en foyer : « La situation est catastrophique, des mineurs jugés en danger sont laissés à domicile pendant plusieurs mois», ont-ils expliqué à nos confrères de France Bleu. Il y aurait actuellement 80 enfants en attente de placement dans le département de la Sarthe. Pour certains d’entre eux, cette situation dure depuis près d’un an. Par ailleurs, 380 mineurs n’ont toujours pas reçu la visite d’un éducateur d’AEMO (action éducative en milieu ouvert).

Au cœur de la tourmente, le département a annoncé trois nouveaux lieux d’accueil d’urgence et argue des 133 places d’accueil créées depuis 2020. Un bilan insuffisant face à des besoins croissants. Le nombre de mineurs confiés à l’ASE s'établit déjà à 1 625 depuis début 2023, contre 1 360 pour toute l’année 2017.

« En Sarthe, les hébergements sont saturés, des places doivent ouvrir mais faute d’arrêtés d’autorisation, signés par le conseil départemental, les nouveaux hébergements n’ouvrent pas », s’alarment des syndicats conscients de l’antériorité du problème. Si une enquête est en cours, portant sur l’ensemble des services du conseil départemental, l’Inspection générale des affaires sociales en avait déjà réalisé une autre il y un an, après le décès d’un bébé faisant l’objet d’une mesure de protection. Le rapport final soulignait alors « de multiples défaillances » et « la saturation de l’offre ».

Abandon de l'Etat

Au-delà du bruit des casseroles, la manifestation de vendredi dernier était dominée par la peur de « revivre ça ». Une inquiétude partagée, début juin, par les syndicats CFDT Santé-Sociaux et Interco du Maine-et-Loire voisin. « Les moyens ne sont plus à la hauteur des besoins. Il manque des places d’accueil pour les enfants, en famille d’accueil comme en structures et les placements urgents ne sont pas assez vite suivis d’effet (...). On observe également une recrudescence de la violence, liée à des pathologies psychiatriques plus nombreuses chez les jeunes, liées selon nous au défaut de prévention et de protection de ces enfants qui sont maintenus beaucoup trop longtemps chez eux dans un environnement toxique. »

En matière de protection de l’enfance, les cris d’alerte ne sont pas uniquement lancés par les professionnels du terrain. Le président du département de la Gironde, Jean-Luc Gleyze, a pris la parole, lors de la séance plénière du lundi 10 juillet, pour dénoncer un « abandon » général de la jeunesse par l’Etat. 

S'il a fait le choix de consacrer 7 millions d’euros supplémentaires à la protection de l’enfance (+ 65 % d’augmentation depuis 2015), cet effort budgétaire est encore insuffisant pour régler les quelque 200 mesures judiciaires en attente d’exécution.

« Le système de santé, la pédopsychiatrie, l’Education nationale, les magistrats, etc. La dégradation nationale des services publics affecte les plus jeunes dont le parcours repose presque essentiellement sur le service public (…). Nous devons dire qu’il est attendu de l’aide sociale à l’enfance de réussir à faire tout ce que d’autres n’ont pas réussi à faire avant eux et autour d’eux (...). Le constat est déchirant. Nous ne sommes pas à la hauteur de la promesse républicaine d’assurer l’égalité des chances », a déploré Jean-Luc Gleyze.

 

 

Protection de l'enfance

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