S’il le faut, ils mettront « le pied dans la porte ». Soutenus par l’association Les oubliés de la République, environ 80 anciens enfants placés comptent bien faire entendre leur voix, en prenant une part active à la future commission d’enquête parlementaire, chargée d’étudier les dysfonctionnements de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Plusieurs présidents départementaux de l’association Repairs ! ainsi que Lyes Louffok, militant et ancien enfant confié, et tête de file de ce combat, font notamment partie des troupes.
Réunis pour la première fois le 19 mars 2024, à Paris, dans les locaux des Oubliés de la République, les personnes concernées ont acté la création d’un Comité de vigilance, destiné à surveiller les travaux des députés dès la mise en place de l’organisme prévu mi-avril. Mais pas seulement. « Le principe n’est pas que d’intervenir en tant que témoins, mais d’apporter une réelle expertise pour éclaircir les décisions politiques », précise Ayda Hadizadeh, déléguée générale de l’association, chargée de coordonner les actions de comité. Nous n’avons pas envie que cette commission se cantonne à un dialogue entre Etat et départements, où des décideurs et des techniciens échangeront en oubliant le troisième acteur. »
Rendre des comptes
Pour ce faire, les membres du Comité de vigilance ont prévu d’intervenir à toutes les étapes. A commencer par le choix des personnes auditionnées, en soumettant dès la semaine prochaine leur propre liste de spécialistes à entendre, parmi lesquels les responsables qui devront « venir s’expliquer et rendre des comptes sur leur choix politiques». Mis en place tardive des décrets, sorties sèches à 18 ans, revalorisation de la place de l’assistant familial… constituent quelques-uns des sujets que le comité souhaite mettre sur la table.
C’est que l’exigence de ses membres est à la hauteur de leur implication. Pas question pour eux que le travail de l’organisme se limite à « un énième débat sur le manque de moyens et passe à côté du véritable sujet ». « Nous voulons que la protection de l’enfance ne soit plus seulement l’affaire des quelques spécialistes de chaque parti, pour que les politiques et les citoyens s’en saisissent, insiste la déléguée générale. Au-delà des dysfonctionnements du système, il ne s'agit pas seulement du combat d’anciens enfants placés, mais plutôt de savoir dans quelle société nous voulons tous vivre. »
A lire aussi: ASE : la mise en place d'une commission d'enquête est-elle nécessaire ?