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« Après Les Ogres, il faut changer de paradigme », selon Isabelle Santiago

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Isabelle Santiago

Co-rapporteure de la mission flash sur les crèches, Isabelle Santiago avait formulé une série de préconisations en novembre 2023. 

Crédit photo DR
L’auteur des Fossoyeurs, Victor Castanet, publie ce mercredi 18 septembre Les Ogres. Un livre choc sur les crèches privées qui décrit des situations de maltraitance et les dérives d’un système nourri par l’argent public. Très impliquée sur le sujet, la députée Isabelle Santiago réclame « des actes ».

Députée socialiste du Val-de-Marne, Isabelle Santiago a été co-rapporteure d’une mission flash portant sur les perspectives d'évolution de la prise en charge des enfants dans les crèches, clôturée le 8 novembre 2023. Elle était également membre de la Commission d’enquête sur le modèle économique des crèches et sur la qualité de l’accueil des jeunes enfants au sein de leurs établissements qui s’est achevée en mai dernier.

ASH : Comment accueillez-vous les révélations de ce nouvel ouvrage sur les crèches privées ?

Isabelle Santiago : Sa lecture est glaçante. Il donne beaucoup d’informations, précises, transmises par d’anciens cadres. Et elles soulèvent des problématiques majeurs qui ne peuvent pas perdurer. Mais je ne suis pas complètement surprise. le livre corrobore des éléments déjà révélés depuis le drame de Lyon, en juin 2022 [lorsqu’une fillette de 11 mois avait succombé à l’ingestion d’un produit toxique, ndlr]. Que ce soit par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) en avril 2023, ou par les deux livres qui avaient suivi [Le Prix du berceau et Babyzness, parus en septembre 2023, ndlr] et enfin, par la mission flash sur laquelle j’ai été missionnée à l’automne 2023. Nous dénoncions déjà de nombreux dysfonctionnements. A la lecture du livre, les préconisations que nous avions formulées prennent toutes leurs dimensions. Or, à part une mesure sur le congé parental, elles sont restées lettre morte. Il faut désormais répondre à cette situation où le low cost conduit au pire dans un système où les grands groupes privés se gavent d’argent public.

A quoi sont dus ces dysfonctionnements et quels correctifs y apporter ?

Le livre est la démonstration que le mode de financement et la dérèglementation du secteur n’offrent pas les conditions requises pour une bonne prise en charge des enfants. Les conditions d’exercice des professionnels, sous tension, peu formés, sont, elles aussi, inacceptables.

Il faut changer de paradigme et revoir le mode de financement. Quand on a imposé le forfait à l’heure, avec la prestation de service unique (PSU), on a cessé de prendre en compte l’intérêt de l’enfant. C’est ce qui a conduit aux dérives très bien documentées dans l'ouvrage. Pour remplir les critères de la CAF [caisse d''allocations familiales] et obtenir un maximum d’argent public, on fait du low cost, du surbooking au lieu de travailler la qualité de l’accueil. Dans tous les métiers du care et du soin, les bébés et les personnes âgées sont les plus fragiles. A nous de faire en sorte que ce genre de situations n’existent pas. Et donc, le secteur doit être hyper-protégé.

>>> A lire aussi : Commission d’enquête sur les crèches : les 11 axes clés du rapport

Quelles mesures réclamez-vous à très court terme ?

On ne va pas relancer une commission pour perdre encore six mois. Maintenant, il faut passer aux actes. Inciter le gouvernement, avec les collectivités, à faire de la bientraitance des enfants une priorité. Et traduire, dès à présent, les préconisations dans les amendements des projets de loi de finances (PLF) et de financement de la sécurité sociale (PLFSS).

L’urgence, c’est aussi que demain, chaque maire visite, en priorité, toutes les crèches de People & Baby, l’entreprise citée comme étant le fameux « ogre ». Que des inspections impromptues soient menées, pour constater le nombre d’enfants et de personnels présents.

Il y a également des éléments, dans le livre, sur lesquels il est nécessaire de se pencher. Y compris ceux concernant Aurore Bergé [accusée de collusion d’intérêts avec la déléguée de la Fédération française des entreprises de crèches, ndlr]. Mais bien sûr, l’urgence absolue est que soit mis un terme à la maltraitance inacceptable des enfants. Aurore Bergé et le gouvernement n’auraient pas dû laisser passer ça. Leur responsabilité est immense.

Malgré tout, ce livre ne doit pas laisser croire que l’ensemble des enfants accueillis le sont de la sorte. Ce n’est pas le cas des crèches municipales, départementales ou associatives.

Protection de l'enfance

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