En attendant la nomination – initialement prévue en janvier – d’un haut commissaire, la ministre des Solidarités montre qu’elle investit bel et bien le champ de l’enfance. Après avoir présenté sa feuille de route devant la commission d’enquête le 19 février dernier, elle visitait vendredi 28 février, un foyer départemental de l’enfance à Châlons-en-Champagne. Catherine Vautrin n’a pas présenté d’annonces particulières, mais évoqué « deux idées » pour revaloriser l’accueil familial.
La première : offrir des temps de répit aux assistants familiaux. L’idée – qui dans la théorie emporte plutôt l’adhésion – avait fait l’objet d’une proposition de loi déposée en octobre 2024. Son auteure, la députée LR Christelle Petex, prévoyait de rendre obligatoire un repos mensuel de 48 heures consécutives.
>>> A lire aussi : Commission ASE : les cinq priorités de Catherine Vautrin
Les fédérations du secteur portent, elles, cette revendication depuis longtemps. Et le sujet reste d’actualité. Il devient même « incontournable », pour Sonia Mazel-Bourdois, présidente de la Fnaf / PE (Fédération nationale des assistants familiaux et de la protection de l'enfance) : « On ne pourra pas embaucher des assistants familiaux sans qu’ils soient sûrs d’avoir un jour de congé par mois. »
Dans les faits, certains départements, soucieux de renforcer l’attractivité du métier, accordent déjà un week-end de repos mensuel. Le plus souvent, ce sont d’autres assistants familiaux qui prennent le relais des professionnels en repos. « Mais la mesure s’avère très complexe à mettre en place car cela n’a pas été suffisamment anticipé », souligne Martine Orlak, présidente de l’Ufnafaam (Union fédérative nationale des associations de familles d’accueil et assistants maternels).
>>> Sur le même sujet : L’accueil familial se déclare « à l’agonie »
Seconde idée, ébauchée par la ministre lors de son déplacement le 28 février : permettre de cumuler une activité professionnelle avec la fonction d’assistant familial. « Dans une famille, les parents vont bosser, les enfants vont à l’école et le soir, ils rentrent. Alors, pourquoi est-ce qu’on ne peut pas faire ça avec une famille d’accueil ? », interroge Catherine Vautrin.
Là encore, une proposition de loi avait été déposée en juin 2024 par le sénateur Xavier Iacovelli (Renaissance). Elle prévoyait d’accorder aux agents publics la possibilité de cumuler leur emploi avec les fonctions d’assistant familial.
>>> Pour compléter : Cumul travail et assistant familial bientôt possible ?
Une option que la loi autorise déjà pour les salariés du secteur privé. Mais dans les faits, le cumul d’activité concerne très peu de professionnels. Les départements l’acceptent rarement, préférant « privilégier la disponibilité pour les accueils d’urgence », explique Bruno Roy, président de l’Anamaaf (association nationale des assistants maternels assistants & accueillants familiaux). Et lorsque c’est le cas, poursuit-il, les professionnels concernés accueillent souvent un seul enfant et dans de très rares cas trois.
Face à la pénurie de professionnels, certains, comme le militant Lyes Louffok, sont favorables à l’ouverture des conditions d’exercice des assistants familiaux. D’autres émettent des réserves. « Cet assouplissement ne doit pas tendre à dévaluer la profession en insinuant que ce ne serait qu’un emploi complémentaire », met en garde Bruno Roy qui ajoute : « Autant l’évolution des profils des enfants confiés que les exigences attendues pour l’exercice du métier ont mis en exergue la nécessité d’une disponibilité permanente de l’assistant familial, membre à part entière de l’équipe pluridisciplinaire. »
>>> Sur le même sujet : Le recrutement des assistantes familiales en panne (Tribune)
Autoriser les assistants familiaux à cumuler deux fonctions aurait au moins le mérite de favoriser leur remplacement. « On peut l’envisager à condition de l’encadrer, explique Sonia Mazel-Bourdois. Mais plus qu’un temps plein, je le vois comme une mesure permettant d’accueillir, à temps partiel, un enfant – et pas trois – sur le temps des vacances ou des week-ends. Et si cela peut créer des vocations pour occuper la fonction ensuite à temps plein, c’est très bien. »
La commission d’enquête devrait rouvrir le débat, début avril, à l’occasion de la remise de son rapport. La ministre y posera un œil attentif. Peut-être même aussi, s’il est nommé d’ici là, le haut commissaire à l’enfance…