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Accueil d’urgence : une enseignante pour fluidifier la scolarisation des enfants

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Girl with friends backpack going class. Generate Ai

L'enseignante Séverine Di Biase-Simon entretient un réseau étroit avec les établissements scolaires du territoire.

Crédit photo nsit0108 - stock.adobe.com
A Cergy (Val-d’Oise), la Maison départementale de l’enfance embauche depuis 2021 une enseignante spécialisée pour permettre aux enfants placés en urgence de poursuivre leur scolarité dans les meilleures conditions possibles. Véritable trait d’union entre les professionnels du social et ceux de l’Education nationale, ce poste est devenu en quelques années indispensable à la structure.

L’accueil d’urgence reste souvent synonyme de rupture scolaire pour les enfants confiés à l’ASE (aide sociale à l’enfance). Face à ce constat, l’Education nationale et le conseil départemental du Val-d’Oise ont passé une convention mettant à disposition de la Maison départementale de l’enfance (MDE) un poste d’enseignante spécialisée depuis la rentrée 2021. 

« Certains enfants sont déjà décrocheurs avant d’être accueillis en urgence, mais pour d’autres, le placement est à l’origine du décrochage, expose Séverine Di Biase-Simon, l’enseignante en question. Nous avons voulu remédier à cette situation, qui peut conduire à d’autres problématiques, comme les fugues, la prostitution ou l’errance. »

Du sur-mesure

Si le concept de départ était de directement donner cours aux jeunes sans solution, l’idée d’un face-à-face pédagogique est très vite tombée à l’eau. « Nous prenions le problème à l’envers : à partir du moment où tout le monde est scolarisé, je n’ai pas besoin de faire classe, soulève Séverine Di Biase-Simon. Le système auquel nous pensions aurait par ailleurs impliqué que les jeunes restent au sein de la MDE avec la prof de la MDE. Ce n’est pas le but. »

Embauchée à temps plein, l’ancienne professeure des écoles a finalement défini ses missions en fonction des besoins observés par les professionnels de la maison départementale. Points quotidiens avec les chefs de service, participation aux conseils de discipline, réunions avec les équipes de suivi de la scolarisation (ESS), recherche de stages… Ses tâches, variées, ont toutes pour but d’aboutir à des solutions adaptées au profil de chaque jeune. « Avec l’accord des inspecteurs de l’Education nationale, je réfléchis par exemple à la meilleure manière de scolariser une ado ayant une problématique sexualisée ou un jeune de 7 ans qui est déjà passé par cinq écoles, illustre-t-elle. Plus de la moitié des enfants de 3 à 11 ans bénéficient d’un emploi du temps sur mesure. Certains vont à l’école de 8h30 à 10h, d’autres de 13h30 à 16h, car ils sont plus efficaces l’après-midi. »

« Courroie de transmission »

Ce travail de « dentelle » est rendu possible grâce au réseau qu’entretient l’enseignante avec les établissements scolaires du territoire : sept écoles primaires, sept maternelles, cinq collèges et tous les lycées du Val-d’Oise. « Séverine agit comme une courroie de transmission, résume avec satisfaction Anne-Catherine Engelhard, directrice de la maison départementale de l'enfance. Elle est double facette. Elle vit avec nous au quotidien, comprend nos réalités, et, en même temps, elle saisit les attentes de ses collègues de l’Education nationale. Cela fluidifie considérablement le parcours de scolarisation des enfants. »

Alors qu’au lancement du dispositif les admissions pouvaient prendre plusieurs semaines, faute d’huile dans les rouages, elles s’effectuent aujourd’hui en deux jours pour les élèves de primaire et de maternelle et en trois ou quatre jours pour les collégiens et les lycéens. La maison départementale de l’enfance a aussi obtenu davantage de souplesse de la part des directions d’établissement concernant les retards du matin. « Cela peut paraître anodin, mais ça ne l’est pas, rapporte Séverine Di Biase-Simon. La MDE accueille tellement d’enfants qu'il n’y a parfois pas assez de véhicules disponibles ou que certains jeunes ne sont pas prêts à temps. »

Lorsqu’un professeur souhaite signaler un comportement problématique, il passe également par l’enseignante spécialisée, en mesure d’établir, si besoin, un lien entre le débordement du jeune et un évènement récent dans son parcours. Autre point symbolique : les directeurs d’école acceptent désormais de participer aux réunions de rentrée de la MDE, qui ont lieu une journée avant la rentrée officielle de l‘Education nationale.

Penser l'après

Depuis septembre dernier, l'initiative a permis de scolariser 150 enfants âgés de 3 à 18 ans. Un chiffre atteint au mois d’avril en 2023. « Il y a eu plus d’enfants placés, mais nous nous améliorons aussi », précise Séverine Di Biase-Simon. Principale ombre au tableau pour les deux professionnelles : les ruptures de scolarisation après le passage à la MDE, une fois que les jeunes sont confiés en famille d’accueil ou en Mecs (maison d’enfants à caractère social). « De leur côté, le manque de moyens rend difficiles les suivis. Ce n’est pas systématique, mais on sent bien que cette étape n’est pas sécure, regrette la directrice. Des réflexions sont en cours au niveau départemental pour mieux organiser cela. »

Protection de l'enfance

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