Recevoir la newsletter

Médiation scolaire en bidonvilles : « Un programme unique et prometteur »

Article réservé aux abonnés

La Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal) a dressé un bilan de la médiation scolaire, le 22 juin à Paris.

Crédit photo DIHAL
Trois ans après le lancement du programme de médiation scolaire pour les enfants vivant en bidonvilles, la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal) dressait un bilan avec les parties prenantes le 22 juin à Paris. Entretien à deux voix avec Manuel Demougeot, directeur du pôle « Résorption des bidonvilles », et Jean-Paul Bachelot, conseiller « Education et droits de l’enfant ».

ASH : En quoi consiste le programme de médiation scolaire mis en œuvre par la Dihal dans le cadre de sa politique de résorption des bidonvilles ?

Jean-Paul Bachelot : Il se structure autour de trois axes : aider les enfants à aller à l’école, à y rester et à réussir. D’abord, les médiateurs vont à la rencontre des familles, pour sensibiliser et préparer la scolarisation. Ils accompagnent les parents dans les démarches administratives, complexes du fait de la langue ou de la peur de l’institution. Du fait aussi des refus d’inscription qu’opposaient au début certaines mairies, au motif qu’ils n’étaient pas domiciliés sur la commune, bien qu’ils y résidaient.

Or, dans le cadre de la loi de 2019 pour une école de la confiance, un décret permet aux parents d’attester sur l’honneur leur présence sur le territoire. Désormais, les personnels de mairie refusent de moins en moins la scolarisation sur ce motif. Les médiateurs doivent aussi accompagner les familles dans l’orientation des enfants, souvent inscrits en unité pédagogique pour élèves allophones arrivants (UPE2A) ou non scolarisés antérieurement (UPE2A NSA). Et faire en sorte que les conditions matérielles soient réunies (transport, cantine, fourniture scolaire, etc.).

Une fois les enfants inscrits, il s’agit donc de rester à l’école et de réussir…

J.-P. B. : Des médiateurs effectuent des permanences dans l’établissement, en lien avec les personnels de l’Education nationale. Ils assurent un soutien scolaire mais aussi psychologique. Ils épaulent et orientent parents et enfants vers les services de santé, d’allocations familiales, de protection de l’enfance si nécessaire. Avec l’enjeu de réaliser le suivi des élèves au côté des parents pour les faire monter en compétence, en leur donnant par exemple accès au dispositif Ouvrir l'école aux parents pour la réussite des enfants (OEPRE). Le dernier axe du programme vise la réussite des élèves. Et l’acculturation de l’institution aux besoins de ces enfants. Cela passe par des rapprochements avec la direction académique, avec les inspecteurs chargés des dossiers, la formation des enseignants, l’invention de solutions nouvelles.

Quel bilan tirez-vous du programme engagé depuis bientôt trois ans ?

J.-P. B. : Aujourd’hui, des 22 départements sur lesquels la Dihal mène une action de résorption des bidonvilles, 15 développent ce programme, grâce à l’engagement de 22 associations et de 40 médiateurs. Dès la première année, le nombre d’enfants scolarisés a doublé, passant de 1 430 à 3 200 élèves, pour près de 7 000 enfants vivant en bidonvilles. Les médiateurs ont accompagné 1 950 élèves en 2020-2021 puis 2 850 la saison suivante. Selon les données des associations, 70 % d’entre eux sont en situation de fréquentation régulière, sans décrochage.

Manuel Demougeot : C’est un programme unique et original, même au niveau européen. La Commission européenne suit notre travail et le voit de manière prometteuse. Il n’existe pas de dispositif similaire de médiation avec l’objectif, au-delà de l’ouverture vers l’école, de sortir ces populations de la grande précarité et de l’exclusion. Confrontées à de fortes discriminations, ces populations se sont construites au fil des siècles à travers le groupe, avec une méfiance envers les institutions comme l’école. Ce dispositif favorise une forme de vivre ensemble. Son originalité réside dans l’animation d’un réseau d’acteurs, impulsée par la Dihal. C’est la clé du succès. Ce nouveau métier qu’est la médiation scolaire a besoin d’animation nationale pour échanger, se motiver, trouver les meilleures manières d’agir, faire face à des institutions réfractaires ou à l’anti-tsiganisme.

Quels sont les obstacles à la scolarisation ?

J.-P. B. : Outre la précarité, l’instabilité de résidence forcée ou volontaire demeure le point noir. On est face à un public volatile. Pour ceux qui effectuent des migrations pendulaires, on essaye de tisser des contacts avec des établissements en Roumanie. Lors d’évacuations, si on a réussi à maintenir le contact avec la famille et qu’elle est installée pas trop loin, on privilégie le maintien dans l’établissement d’origine. Sinon, le médiateur cherche à rescolariser l’élève au plus vite.

 

Insertion

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur