- Un parcours scolaire chaotique et écourté. 59 % des jeunes confiés à la protection de l’enfance ont déjà redoublé, et ce avant l’entrée au collège pour 39 % d’entre eux. Ils sont souvent poussés vers des études courtes, y compris s’ils ne le souhaitent pas ou avec de bons résultats : seuls 13 % préparent un bac général contre 51 % pour la population générale. Une orientation provoquée par un besoin d’indépendance financière rapide.
- Un contexte financier problématique. Généralement privés de soutien familial, les anciens bénéficiaires de l’ASE et de la PJJ sont dans une situation de pauvreté monétaire.
- Des difficultés de logement. A la sortie de l’ASE, seul un tiers des jeunes majeurs accède à un logement (très majoritairement dans le parc privé). La plupart sont hébergés chez un proche (41 %), ou dans des institutions, résidences habitat jeunes, hôtels ou résidences sociales (25 %). Certains connaissent des épisodes de vie à la rue. Parmi les sans-abri de moins de 25 ans, 32 % sont passés par l’ASE.
- Des besoins de santé spécifiques. En situation de handicap (15 % des suivis), atteints de troubles de santé (36 % déclarent un état de santé mauvais ou très mauvais) ou de maladies psychiques (81 %), davantage sujets à des conduites à risques, et plus concernés par une parentalité précoce, les anciens de l’ASE pâtissent souvent de maltraitances subies dans leur enfance. Et beaucoup peinent à faire la démarche vers les soins nécessaires.
- Un manque d’information concernant leurs droits. Ces profils à multiples vulnérabilités font face à des difficultés concernant les démarches administratives et sociales. Ainsi, une grande majorité d’entre eux ne perçoivent pas la prestation à laquelle ils ont droit.
- Des disparités de traitement sur le territoire. Les améliorations apportées par la loi du 7 février 2022 – qui prévoit notamment la prise en charge obligatoire des majeurs âgés de moins de 21 ans ne bénéficiant pas de ressources ou d’un soutien familial suffisants lorsqu’ils ont été confiés à l’ASE avant leur majorité, par exemple par le biais du contrat emploi jeune et d’un accompagnement vers l’autonomie – ont certes entraîné une augmentation des jeunes majeurs suivis (+ 30 % entre 2019 et 2020). Mais elles ne sont pas appliquées uniformément dans tous les départements. Suivant les endroits, le taux de prise en charge varie de 5 pour mille à 20 pour mille.
C’est pour remédier à ces difficultés que le COJ et le CPNE ont établi 48 préconisations, guidés par un même cap : créer un droit « spécifique et non limité dans le temps » pour les jeunes sortis de la protection de l’enfance. Ils insistent particulièrement sur quatre points :
« Que l’Etat garantisse effectivement un niveau de ressources minimum aux jeunes sans soutien familial bénéficiant d’une mesure de protection jeune majeur, par le versement systématique et sans condition d’une allocation au moins équivalente au CEJ ; qu’il organise et facilite l’accès aux soins, à la formation et aux études supérieures des jeunes protégés ; que les départements garantissent, avec les associations, la continuité de l’accompagnement des jeunes sortant des dispositifs, jusqu’à l’autonomie, y compris au-delà de 21 ans, quand le projet du jeune le justifie ; qu’ils veillent à ce que les jeunes connaissent leurs droits et puissent les faire valoir, qu’ils leur permettent de développer leurs réseaux de sociabilité et leur ouverture au monde. »