Le projet de réforme des retraites, présenté par la Première ministre Elisabeth Borne le 10 janvier, fait l’unanimité des syndicats contre lui. Un front commun inédit depuis douze ans. La veille de cette présentation, à l'issue d'un ultime rendez-vous avec la cheffe de l'exécutif, l’ensemble des organisations syndicales ont affiché leur unité contre cette réforme et appelé à une journée de mobilisation le 19 janvier.
CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires et FSU sont particulièrement opposés au report de l’âge légal à 64 ans, couplé à l’accélération de la mise en œuvre de la réforme Touraine, qui vise à l’allongement de la durée de cotisation, jusqu’à 43 ans. « Cette réforme va frapper de plein fouet l’ensemble des travailleurs et travailleuses, et plus particulièrement celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt, les plus précaires, dont l'espérance de vie est inférieure au reste de la population, et celles et ceux dont la pénibilité des métiers n'est pas reconnue », alertent les syndicats dans un communiqué commun.
Un départ dès 55 ans sous conditions pour les travailleurs handicapés
Sur la pénibilité, pourtant, le projet de réforme du gouvernement Borne n’est pas muet. Les travailleurs exposés pourront plus facilement accéder à la retraite pour incapacité permanente, et partir deux ans avant l’âge légal. L’exécutif prévoit l’identification, par chaque branche professionnelle, des métiers difficiles ainsi que la création d’un fonds de 1 milliard d’euros sur tout le quinquennat pour la prévention de la pénibilité.
De plus, il promet le statu quo pour les personnes en invalidité ou en aptitude, qui pourront toujours partir à la retraite, à taux plein, à 62 ans et une possibilité, pour les travailleurs handicapés de partir dès 55 ans, sous certaines conditions tenant aux durées de cotisation.
Une assurance vieillesse pour les aidants familiaux
Pour les aidants, le projet de réforme prévoit la création d’une assurance vieillesse spécifique : « Les aidants de personnes extérieures au cercle familial, ceux ne résidant plus au domicile de la personne aidée et les aidants d’enfants ayant un taux d’incapacité inférieur à 80 % et éligibles à un complément d’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH) seront désormais couverts », précise le dossier de presse. La validation des trimestres pour ce public sera financée par la branche autonomie à hauteur de 100 millions d’euros en 2030.
Seule organisation patronale du secteur social et médico-social à avoir réagi, pour l’heure, l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes), « accueille favorablement » ces mesures pour les aidants familiaux et juge que les mesures relatives à la pénibilité vont dans le bon sens. Elle trouve en revanche les mesures relatives au développement de l’emploi des seniors insuffisantes et inefficaces.
Le projet de texte sera soumis au Parlement au début du mois de février prochain, le gouvernement visant une entrée en vigueur dès le 1er septembre 2023.