Qui sont les sans-abri ? Depuis combien de temps vivent-ils dans la rue ? Pourquoi certains n’ont pas recours au 115 ? Quelles sont les conséquences de la crise sanitaire sur leur situation ? Autant de questions auxquelles la deuxième édition (1) de l’enquête de terrain, menée par la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) et la Fédération nationale des Samu sociaux (FMSS) et publiée le 29 juin, répond.
De plus en plus d'hommes seuls
Premier constat : sur les 755 ménages ayant répondu, 80 % sont des hommes isolés, soit 9 % de plus qu’en 2020. A l’inverse, les femmes isolées et les familles représentent respectivement 12 % et 3 %, soit une diminution de 2 % pour les premières et de 50 % pour les secondes par rapport à l'an dernier. « Cette constatation nous amène à faire l’hypothèse que les mesures exceptionnelles d’ouverture d’un grand nombre de places d’hébergement supplémentaires pendant la crise sanitaire semblent avoir été plus accessibles pour les femmes et les familles », pointent les auteurs de l’enquête.
54 % vivent dehors depuis plus de trois ans
Autre enseignement : les sans-abri vivent de plus en plus longtemps dans la rue. Ainsi, 54 % des ménages rencontrés étaient en errance depuis plus de trois ans. Ce qui représente une augmentation de 16 points par rapport à l’étude de 2020. Plus globalement, 84 % des ménages vivent dans la rue depuis plus de six mois et 75 % depuis plus d’un an. Ce qui n’est pas sans conséquence car, comme le souligne l’enquête, « plus le temps d’errance est long, plus le temps sans avoir accédé à une place d’hébergement l’est aussi ». Ainsi, seulement 17 % des ménages en errance depuis plus de trois ans ont été hébergés la veille, contre 42 % de ceux qui l’étaient depuis moins d’une semaine.
Le non-recours au 115 est important
L’enquête démontre aussi qu’une très grande majorité de ménages sont en situation de non-recours au 115 : 44 % des ménages n’avaient jamais appelé ce numéro d’urgence, soit plus de 6 points par rapport à l’étude de 2020. Et 83 % n’avaient pas sollicité le 115 pour une place d’hébergement le jour de la rencontre, soit une hausse de 11 points par rapport à 2020.
Le rapport pointe également certaines failles : seules 25 % des équipes de maraudes bénéficient des qualifications médicales d’un infirmier et 7 % d’un psychologue ou d’un psychiatre. Autre écueil : alors que près de la moitié des bénévoles interviennent en soirée ou la nuit, un peu plus d'un tiers disposent de places d’hébergement en début de maraude.
Accompagner jusqu'à un hébergement
Parmi les pistes d'amélioration, la FAS et la FMSS préconisent de « pérenniser les équipes de maraudes issues du renfort hivernal afin d’assurer un travail d’accompagnement constant auprès des ménages, de la première rencontre jusqu’à l’accès à un hébergement ou un logement ». Un appui médical est demandé au sein des équipes ainsi que le développement de « guichets uniques de types accueils de jour ». Une sensibiiation au sans-abrisme des forces de l’ordre, des services municipaux et autres intervenants dans l'espace public s'avère également utile pour lutter contre les préjugés et « permettre une meilleure prise en considération du public sans domicile ».
(1) L’étude s’est adressée à tous les Samu sociaux et toutes les maraudes de France métropolitaine et des DOM. Elle a recueilli la participation de 63 structures, représentant 74 équipes réparties sur 39 départements et 12 régions.
