Recevoir la newsletter

Prospairs : une formation coanimée par des jeunes et des pros, main dans la main

Article réservé aux abonnés

Crédit photo Pavo
En s’appuyant sur l’expertise d’une association italienne, le Créai Bretagne a mis en place le projet Prospairs visant à donner un espace de parole aux jeunes confiés à l’aide sociale à l’enfance. Aux côtés de professionnels, les participants ont notamment élaboré un programme de formation expérimental.

Prospairs. A lui seul, le nom du projet est parlant. Il conjugue le diminutif de « professionnels » avec le concept de pair-aidance. Tout en véhiculant « l’idée de prospérité en protection de l’enfance », complète avec un large sourire Galade(1), un adolescent de 17 ans qui participe à l’initiative.

Lancé en septembre 2021, ce dispositif entend offrir un espace de parole aux jeunes suivis par la protection de l’enfance en Bretagne. Réunis autour du Créai(2) Bretagne, 18 jeunes aux profils variés ainsi que des professionnels des différentes structures et collectivités du territoire ont pris part au projet.

Une coopération transfrontalière

« Nous voulions questionner le processus participatif souvent abordé de manière très institutionnelle au travers des conseils de la vie sociale. Des instances qui, en protection de l’enfance, sont balbutiantes ou ne fonctionnent pas », explique Bastian Besson, conseiller technique au Créai.

Tout le projet a été pensé en collaboration avec l’association italienne Agevolando. Constituée de jeunes sortant d’un parcours d’aide sociale, la structure bolonaise développe dans le cadre d’un programme européen une démarche de plaidoyer, des formations destinées aux professionnels et un réseau de mentorat.

« Exprimer nos pensées »

Prospairs s’est inspiré de ces actions en incluant des travailleurs sociaux. Des journées de rencontre entre les jeunes ont eu lieu,auxquelles leurs pairs italiens ont pu prendre part. Les participants ont été amenés à formuler des préconisations autour de trois thèmes importants : le lien avec les professionnels, le cadre de vie et la stigmatisation en protection de l’enfance.

« C’est l’occasion d’exprimer nos pensées sans qu’on vienne nous contredire. De pouvoir dire tout haut des choses qui ont été gardées pendant trop longtemps », témoigne Galade entre deux gorgées de soda. Comme exemple de sujets abordés, l’adolescent parle de la relation de confiance difficile à établir lors d’un changement dans le parcours d’un enfant.

« Quand un dossier passe à la prochaine assistante familiale, celle-ci sait plein de choses sur nous. Alors que nous, nous ne disposons d’aucune information, ce n’est pas évident. Il y a aussi l’orientation et l’identité sexuelle des jeunes qui ne sont pas toujours prises en compte par l’équipe », poursuit Galade.

Coanimation

La matière récoltée lors des échanges est devenue le terreau pour développer une formation pour des professionnels de la protection de l’enfance. En septembre prochain, le programme élaboré sera proposé à titre expérimental sur deux jours, en formation initiale et continue.

Encore une fois, les jeunes et les professionnels travailleront main dans la main, en coanimation. « En tant que Créai, nous accompagnons les jeunes pour qu’ils développent la posture de formateur, qu’ils appréhendent les politiques publiques. Car ce n’est pas parce qu’on a été en maison d’enfants à caractère social qu’on connaît l’écosystème dans lequel on s’inscrit », détaille Sara Calmanti, directrice du Créai.

Des majeurs passés par l’aide sociale à l’enfance (ASE) participent également au projet. Une occasion supplémentaire de croiser les expériences. « Ça nous donne une autre vision des choses. Lors de nos premiers échanges, il ressortait énormément de points négatifs. Quand les jeunes majeurs sont arrivés, ils ont nuancé en rappelant que, même s’il existe des défaillances, l’ASE est là pour nous aider », rapporte Galade.

Evaluer l’impact

Coordonnateur de parcours « ASE », Bruno Hamida a constaté chez les jeunes qu’il accompagne dans leur prise d’autonomie des effets positifs au fil de leur implication dans le dispositif. « Chacun d’entre eux a gagné en confiance, en autodétermination et en estime de soi. Ils parviennent davantage à se projeter. »

Au-delà des observations des professionnels, Prospairs comprend un volet « recherche » destiné à évaluer l’impact du projet de façon plus significative. « Nous voudrions connaître l’effet de cette participation active en termes d’engagement civique. Connaître l’impact de la formation sur les pratiques professionnelles et celui de ces pratiques sur l’organisation du travail. Nous aimerions enfin savoir comment ce type d’initiative peut influencer les politiques publiques », énumère Sara Calmanti. Fin août, les jeunes pourront participer à un séjour à Bologne (Italie) avec leurs pairs, pour travailler sur le mentorat.

 

(1) Le prénom a été modifié.

(2) Centre régional d’études, d’actions et d’informations.

Protection de l'enfance

Inspirations

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur