« J’ai des difficultés financières, comment faire ? », « Je n’ai pas de solutions de transport, qui peut m’aider ? », « Comment trouver un stage ou une alternance ? »… Véritable mine d’infos, la webapp Zelli, lancée en décembre 2022 par le département de Loire-Atlantique, aborde peu ou prou l’essentiel des questions que peuvent se poser les jeunes autour de la majorité. En particulier ceux accueillis dans le cadre d’une mesure de protection de l’enfance, à qui s’adresse spécifiquement cet outil. « Disposant de moins de soutien et de réseau, souvent fragilisés par des parcours difficiles, ils sont contraints d’être autonomes rapidement », justifie l’institution.
En 2020, le département avait voté l’extension du contrat jeune majeur jusqu’à 25 ans(1). La webapp Zelli, née du besoin exprimé d’être mieux informé, s’inscrit dans une même volonté de soutenir le passage à la majorité. « Je suis frappée de percevoir chez ces jeunes une certaine angoisse de l’autonomie, une peur de sauter dans le grand bain, explique Claire Tramier, vice-présidente “familles et protection de l’enfance”. Mais la rencontre entre les spécificités de la protection de l’enfance et le droit commun est parfois complexe. D’où le besoin de sécuriser leurs parcours. »
La webapp s’organise autour de neuf thématiques : démarches administratives, logement, budget, études, transports, santé, travail, handicap et aides pour les majeurs. Des infos pour la plupart généralistes, enrichies de questions spécifiques (« J’ai besoin de comprendre mon histoire »), avec des entrées par âge. Si elle s’adresse aux jeunes, Zelli constitue aussi « un support éducatif » pour les professionnels, estime Claire Allard, chargée de projet à la direction « Enfance et famille ».
Le projet a été développé avec une poignée de jeunes accueillis en établissement, en famille ou suivis à domicile. En sont ressortis trois propositions : outre la création de la webapp, un trieur a été imaginé pour classer les documents importants et l’association Solidarité estuaire, spécialisée dans l’insertion, a été mandatée pour répondre sous trois jours à toute question. Le choix d’une application en ligne a été privilégié à celui d’une appli disponible dans les « stores », dans la mesure où un public restreint était visé. C’était aussi moins coûteux et moins contraignant en termes de maintenance. Coût de l’opération, développement et rédaction des contenus compris : 120 000 €.
Une App testée et approuvée
En phase de conception, deux jeunes, Téva et Audrey, ont planché sur la maquette, le graphisme, les thématiques, le nom et surtout sur les formats : vidéos et textes courts, comme sur les réseaux sociaux, répondent aux pratiques des jeunes tout en restant accessibles aux publics étrangers. Engagées pendant près de deux ans sur le projet, les deux jeunes femmes entendent désormais défendre l’intérêt de l’outil auprès des jeunes de l’ASE. « Plus j’ai grandi, plus j’ai eu besoin d’informations complémentaires sur la majorité, souligne Téva, 18 ans. Des éducs en parlent, les familles d’accueil aussi, mais ça reste flou. Et les démarches, avec la notion de droit parental, sont souvent complexes. Le moindre papier à signer implique de passer par toute une chaîne d’acteurs. » Alors que la collectivité accueille 2 200 jeunes âgés de 16 ans et plus, trois mois après le lancement de la webapp, plus de 300 comptes avaient été créés pour quelque 4 000 visites. Zelli devrait encore s’enrichir de nouvelles thématiques (être parent, loisirs, vie amoureuse et sexualité). Et à en croire les sollicitations, elle pourrait inspirer d’autres départements, soucieux de développer ce type d’outils.