Rares sont les moments où les éducateurs de la protection de l’enfance ont les projecteurs braqués sur eux, comme ce fut le cas le 30 septembre dernier. Ce jour-là, l’Adsea 29 organisait les portes ouvertes de ses deux services phares : le Demos (dispositif éducatif de milieu ouvert de la Sauvegarde), créé en 2009, et le Safa (service d’accompagnement des familles et des adolescents), inauguré en 2012. Une première pour l’association finistérienne, dont l’objectif, à travers cette opération, était de rendre plus lisibles ses actions sur le territoire. « Après la période du Covid, nous avions envie de renouer avec nos partenaires. L’idée était aussi de donner un espace pour valoriser le travail des éducateurs qui ont été mis à rude épreuve durant ces deux dernières années », explique Nathalie Conq, directrice des deux services. Ouverte à tous les professionnels du champ de l’enfance, cette journée a attiré plus de 200 personnes d’horizons très variés : personnels du conseil départemental, soignants, travailleurs sociaux, membres associatifs, enseignants, étudiants… « On ne s’attendait pas à un tel enthousiasme et encore moins de la part des personnels de l’Education nationale qui sont venus en nombre pour découvrir nos missions. Nous avons eu aussi beaucoup de professionnels de la santé psychique ou du médico-social. Une juge des enfants s’est même déplacée dans trois de nos cinq sites. C’est une preuve d’une vraie demande d’interconnaissance entre nos différentes professions », constate Stéphanie Guillemet, directrice adjointe du Demos et du Safa.
Vitrine « expériencielle »
Qu’est-ce qu’une AEMO ? Comment les mesures éducatives sont-elles mises en place ? Quelle différence y a-t-il entre mesures administrative et judiciaire ? A quel rythme les rencontres avec les familles ont-elles eu lieu ? Avec quels outils les éducateurs travaillent-ils ? Pour répondre à toutes les questions des visiteurs, les équipes de l’Adsea avaient opté pour des supports communs déployés à l’identique sur les cinq sites. « On voulait être sûrs de pouvoir répondre à un maximum de demandes. Pour cela, on a confectionné des supports synthétisant le nombre et la nature des mesures, l’organisation de nos services, les rôles de chacun…, que l’on commentait pour engager la discussion. Ensuite, lors de la visite des locaux, les invités pouvaient échanger avec les équipes et poser toutes leurs questions », précise la directrice. Trois outils étaient également mis en avant au cours de cette déambulation : « Tous des héros », un atelier proposé par deux éducatrices du Demos visant à aider les enfants soumis aux violences intrafamiliales à devenir acteurs de leur protection, le statut de « tiers digne de confiance » et les conférences familiales. « Peu de professionnels, y compris ceux avec qui nous travaillons régulièrement, connaissent nos pratiques au quotidien pour accompagner les enfants et leurs familles. Pourtant, nos ressources évoluent sans cesse. D’où l’intérêt de pouvoir communiquer dessus, en se donnant le temps pour réfléchir », indique Stéphanie Guillemet.
Coup de boost
Salué, ce temps inédit s’est avéré bénéfique au-delà des expectatives. Ainsi, dans les jours qui ont suivi les portes ouvertes, a émergé la volonté commune de relancer des projets mis de côté pendant le Covid, mais aussi le souhait d’instaurer des espaces de réflexion autour de certaines spécificités locales. « Nous voudrions par exemple améliorer la prise en charge des populations mahoraises, qui nous met parfois en difficulté, ou trouver des solutions pour mieux travailler avec la prévention spécialisée. Des contacts ont déjà été pris ; ce qui prouve que cette journée a remobilisé tout le monde », se réjouit Nathalie Conq. Tous, y compris les équipes éducatives en interne, sont « fiers d’avoir pu parler de leur travail et prouver leur utilité sociale » et veulent organiser de nouvelles portes ouvertes. « Nous aussi, on le souhaite, affirme la directrice et son adjointe, mais pas avant deux ans. »