Jusque dans les années 1970, le « Bon Pasteur » avait pour mission de rééduquer les adolescentes qualifiées de filles de « mauvaise vie », filles-mères, déviantes, perverses… Sur décision de juges pour enfants, Eveline, Michèle, Marie-Christine, Fabienne, Edith ont été enfermées durant des années dans cette institution religieuse, implantée un peu partout en France. Devenues grand-mères, elles racontent leur histoire, la honte, l’humiliation, la maltraitance, les punitions à genoux les bras en croix, dans Mauvaises filles. Un long-métrage d’Emérance Dubas, inspiré des livres Mauvaises filles, incorrigibles et rebelles, et Vagabondes, voleuses et vicieuses (voir ASH n° 3124 du 6-09-19, p. 30), de Véronique Blanchard, historienne et responsable du centre d’exposition « Enfants en justice », qui témoigne de la place assignée aux femmes dans la société à cette époque. Toutes ont été réduites au silence : « On n’avait rien à dire », rapporte Eveline, abusée sexuellement par son voisin à 11 ans. En leur donnant la parole, la réalisatrice leur rend justice et démontre que « l’intime est politique ».
« Mauvaises filles », d’Emérance Dubas, en salles à partir du 23 novembre.