Petite enfance : mieux prendre en compte les parents dans les lieux d'accueil

Une psychosociologue et quatre éducateurs spécialisés ont croisé leurs expériences pour montrer l’intérêt d’être à l’écoute des parents dans les lieux d’accueil collectif de la petite enfance. Des dispositifs nés à la fin du XIXe siècle pour aider les mères de famille qui travaillaient en usine, obligées parfois d’abandonner leurs enfants ou de les confier à une nourrice très loin de chez elles. Mais c’est seulement un siècle plus tard, dans les années 1970, que ces structures ont pris leur essor. Un envol relatif : actuellement, faute de places, 18 % seulement des enfants de moins de 3 ans sont en crèche.

Une pénurie liée, selon les co-auteurs, à une idéologie conservatrice porteuse de représentations qui continuent de véhiculer « une certaine définition de la maternité, réduite à la présence constante et aux soins, oblitérant les aspects hautement éducatifs d’initiation à la vie en société, avec ses richesses, ses interdits, ses règles, autant d’aspects réservés… à la paternité ; ou, plus exactement, à la figure du père héritée de la tradition patriarcale, seule à représenter la loi et l’initiation à la société dans la sphère familiale ». Résultat, en cas de difficultés, les femmes sont toujours considérées comme coupables au motif d’une présence insuffisante auprès de leurs enfants. D’où l’importance de la contenance et de l’étayage par des tiers que peuvent procurer ces lieux d’accueil, et de l’attention particulière qu’ils doivent apporter aux enfants et aux parents.

Le livre présente plusieurs récits cliniques sur ces rencontres entre professionnels et familles, aussi insécurisantes pour les uns que pour les autres. Et qui peuvent être mises à mal quand les éducateurs, respon­sables de la coordination pédagogique ou de l’encadrement des équipes de terrain, n’ont pas reçu de formations suffisamment qualifiantes. Or c’est le cas dans la moitié des équipes dédiées à la petite enfance. C’est cette prise de conscience et l’idée qu’il faut bien « un village pour éduquer un enfant », comme le dit un proverbe africain, que l’ouvrage souhaite susciter.