« Nous venons d’embaucher notre première salariée permanente, la déléguée générale de l’association ! », se réjouit Gabriel Marvier, co-fondateur avec son frère, Antoine, et leur ami, Louis Poinsignon, de la toute jeune association Les Ombres. Le chemin parcouru est à l’image de leur engagement : énergique et efficace.
Tout juste diplômés de grandes écoles, ils décident, il y a un an et demi, de s’engager pour l’égalité des chances des adolescents de l’aide sociale à l’enfance (ASE) – âgés de 14 à 21 ans –, en leur proposant une aide à l’orientation scolaire, la recherche de stage ou d’emploi, la préparation de lettres de motivation et d’entretiens ainsi que le prêt de matériel informatique, via une relation privilégiée avec un mentor bénévole.
En quelques mois, ils lancent leur association et contactent un service d’accueil familial en Ile-de-France. Après des premiers retours « très positifs », ils construisent la plateforme sur laquelle les jeunes – souvent guidés par leur éducateur référent – effectuent leur demande et sont ensuite orientés vers le mentor adapté à leurs besoins. Puis ils joignent d’autres structures en Ile-de-France, à Auxerre, Sens, Lille, Le Mans, etc. Ils adaptent leur modèle aux foyers et aux Mecs, se familiarisent avec le fonctionnement et les méandres de l’ASE et répondent au deuxième appel à projets du dispositif « 1 jeune, 1 mentor ».
La bonne nouvelle tombe cet automne : ils en sont lauréats. « Ces 300 000 € vont nous permettre d’assurer trois années de fonctionnement et de passer de 100 jeunes soutenus par nos mentors à plus de 500 l’année prochaine », se félicite Gabriel Marvier. Pour cela, ils développent des partenariats avec les acteurs départementaux de la protection de l’enfance et les organisations bien implantées localement comme l’Adepape 13, Break Poverty ou Article 1.
Des adolescents pro-actifs
Le principe est celui de la « pro-activité » du jeune. Il doit se connecter sur le site des Ombres, appuyer sur le bouton « J’ai besoin d’aide » et résumer sa demande : une aide ponctuelle ou au long cours. « Cette condition assure la réussite de nos actions, détaille Gabriel Marvier. Les jeunes qui nous sollicitent sont prêts à bénéficier du coup de pouce d’une personne extérieure à l’ASE ou à leur famille. » Autre condition, le lien étroit avec le directeur du foyer et le référent, toujours « dans la boucle » des premiers échanges.
Mentor depuis son entrée dans la vie active, il y a un an, en tant qu’analyste de risques juridiques, Benjamin Chanseau témoigne : « Le plus difficile est d’adopter le bon positionnement car on ne connaît pas l’histoire du jeune, explique-t-il. Le référent permet d’avoir la bonne distance, le ton qui convient. Une fois la relation bien lancée, l’adolescent m’appelle directement quand il en a besoin. »
Avec Selim(1), il échange depuis un an. « Ses besoins évoluent. En terminale pro, il a cherché un stage. Puis il a eu 18 ans et besoin d’un job d’été pour se loger et faire la jonction avec le contrat jeune majeur qu’il a décroché quelques mois plus tard. Aujourd’hui, je ne sais pas s’il va enchaîner avec un BTS électricité en alternance. Je le laisse me rappeler. » Un soutien concret qui dépasse la simple préparation à un entretien : « Finalement, c’est plus l’encouragement que le résultat qui lui est bénéfique. Savoir que quelqu’un l’aide à structurer son approche, ses envies. »
(1) Le prénom a été changé.