« Autrefois nous perdions environ 70 % des familles que nous souhaitions suivre », souligne Catherine Lamoulie, l’une des pédopsychiatres à l’origine de la Maison des parents et des bébés. Cette unité du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Saint-Clair de Sète (Hérault) a ouvert le 6 septembre 2021. Son but est de venir en aide aux femmes enceintes et aux parents jusqu’aux 2 ans de leur enfant. Située dans une ancienne villa au cœur du complexe hospitalier, à deux pas de la maternité, cette structure conserve l’aspect chaleureux d’une maison ordinaire, loin de l’univers du soin.
Jusqu’ici, les professionnels de la petite enfance dirigeaient les parents rencontrant des difficultés avec leur nouveau-né vers une consultation médico-psychologique pour enfants et adolescents (CMPEA). Il demeurait cependant souvent difficile pour eux de s’y rendre, la désignation « psychologique » les impressionnait. « C’est pour cette raison que nous avons appelé cette unité “Maison des parents et des bébés”, pour que ce soit naturel et que cela ne fasse pas peur », précise la pédopsychiatre. Depuis son ouverture, une quarantaine de familles y ont été orientées, et pour l’instant 29 se sont présentées.
Une équipe pluridisciplinaire (deux pédopsychiatres, une psychomotricienne, une assistante sociale, une puéricultrice et d’une psychologue) accueille les familles deux jours par semaine. Les problématiques principales se concentrent autour du développement psychomoteur de l’enfant, de son alimentation et de son sommeil. « Nous recevons les familles en binôme. Nous les valorisons. Ce matin, nous avons vu le père de jumeaux qui ne peut prendre l’un d’entre eux dans ses bras, ni lui donner le biberon, encore moins le réconforter », illustre Sandrine Buret, puéricultrice.
Le reste de la semaine, elle travaille au sein du service de néonatologie de l’hôpital où elle repère parfois des relations délicates. A quoi les reconnaît-on ? « Il faut se fier au comportement du bébé. Par exemple, quand il pleure beaucoup et que sa mère ne parvient pas à le calmer ou quand elle n’arrive pas à le porter », enchaîne-t-elle.
À l’écoute des parents
L’équipe reçoit également des personnes psychiquement fragiles qui n’arrivent pas à échanger avec leur bébé. Les parents sont reçus en consultation et peuvent participer à des groupes de parole ciblés, organisés en fonction de l’âge de l’enfant. En cas de nécessité, les binômes se déplacent au domicile des familles.
Des sages-femmes, des puéricultrices de crèches, des kinésithérapeutes, notamment quand ils se trouvent en présence d’enfants à « tête plate » – cette déformation du crâne parfois due à des positions contraignantes –, adressent des familles à la Maison des parents et des bébés. « Nous avons tissé un lien très étroit avec les différentes structures du secteur », souligne Catherine Lamoulie. Un membre de l’équipe se rend dans une crèche ou une structure d’accueil dès qu’une situation devient préoccupante et aide l’équipe à prendre une décision. « Auparavant, nous n’avions pas assez de disponibilité pour intervenir suffisamment en petite enfance, nous manquions de personnel. Alors que c’est une période primordiale dans la structuration de la personnalité », insiste-t-elle. Le projet de la Maison des parents et des bébés est d’ailleurs financé par le ministère de la Santé, dans le cadre des appels à projets sur les 1 000 premiers jours de l’enfant.