« C’est stylé ! », s’exclament la plupart des adolescents qui pénètrent pour la première fois dans le bureau mobile de la maison des ados des Ardennes (MDA08). Pimpant, chaleureux et coloré, le camping-car déploie son activité depuis le mois de mai dernier. Trois jours par semaine, des permanences sont assurées à la demande des jeunes sur tout le département (sur rendez-vous). Les deux autres jours, le véhicule propose des actions de prévention, en partenariat avec les acteurs du territoire : forums santé, interventions dans les maisons des jeunes, les centres sociaux ou les collèges.
« A la maison des ados de Charleville, nous nous sommes vite rendu compte que certains jeunes qui en avaient pourtant besoin ne pouvaient pas venir, explique Catherine Laurent, psychologue clinicienne et coordinatrice du projet. Notre département est étendu, avec le sud rural, peu doté en transports ; le nord, un bassin industriel sinistré avec des familles en grande difficulté sociale ; et le centre, plus urbain, mais qui comporte des quartiers prioritaires de la ville subissant une autre forme d’enclavement. »
Malgré l’ouverture de quelques permanences délocalisées dans des centres sociaux ou maisons des solidarités dès 2016, l’accès restait trop difficile pour certains, et les horaires trop contraignants : « Quand un jeune se présentait à 16 h 50, nous devions parfois terminer les entretiens sur le trottoir ! », se rappelle la psychologue.
Équipes mobiles territorialisées
La MDA08 rencontre alors son homologue de la Nièvre, où a été mis en place un bureau mobile peu de temps auparavant, et décide de se lancer dans l’aventure : « Le camping-car permet d’aller vers notre public, où qu’il soit, et d’adapter la durée des permanences aux besoins », résume Catherine Laurent. Sur chacune des trois zones du département, une équipe mobile dédiée (un éducateur, une infirmière, une assistante sociale) reçoit les adolescents, accompagnés parfois d’un parent ou envoyés par le réseau local (infirmière scolaire, centre social). Ainsi, la même équipe revoit, si besoin, l’adolescent et développe les liens avec les partenaires vers lesquels elle pourrait l’orienter. Magali Jay, assistante sociale, et Stéphanie Hologne, infirmière, travaillent ensemble sur le secteur sud des Ardennes. « Au début, il nous est arrivé de stationner devant un collège, se rappelle Magali. Le jour où un ado a passé toute la consultation courbé en deux parce qu’il avait peur que ses copains le voient, nous avons compris la nécessité de nous installer dans un lieu facile d’accès mais discret. »
Si, par son côté chaleureux, le bureau mobile facilite la libération de la parole des jeunes, les principes de travail et les missions demeurent les mêmes qu’à la maison des ados : un lieu d’accueil et d’écoute libre et anonyme où il est possible de formuler ses interrogations, de déposer ses difficultés, face à un binôme d’accueillants qui aident l’adolescent à formuler sa problématique, à trouver des solutions ou à construire un projet.
« Travailler en binôme, complète l’infirmière, évite à l’enfant de se retrouver en face-à-face comme il a pu l’être avec un parent ou un conseiller d’éducation. Et nous pouvons très rapidement, grâce à nos compétences complémentaires, produire une évaluation. C’est essentiel car certains jeunes ne viennent qu’une fois, et nous devons tout de suite repérer s’ils sont en danger ou nécessitent une hospitalisation. »
