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Un plan de lutte contre la prostitution des mineurs sera présenté à l'automne

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Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles.

Crédit photo Adobe Stock
Le 13 juillet, la procureure générale de Paris, Catherine Champrenault, a officiellement remis son rapport pour « Combattre la prostitution des mineurs » . Des recommandations sur lesquelles s’appuiera le secrétaire d’Etat à l’enfance, Adrien Taquet, pour présenter à la rentrée son plan de lutte interministériel.

Catherine Champrenault a dévoilé le 13 juillet ses grandes pistes d’action pour lutter contre la prostitution infantile. Le fruit de réflexions menées par un groupe de travail pendant plusieurs mois, réunissant une quarantaine d’acteurs, des représentants de l’Education nationale, de la justice, de la police, des associations spécialisées, de l’aide sociale à l’enfance, de la santé.

L’objectif ? Dresser, à la demande d’Adrien Taquet, secrétaire d'Etat chargé de l’enfance et des familles, un état des lieux « élargi », avec « des points de vue croisés », d’une problématique grandissante « qui mérite qu’on s’y attaque rapidement ». Une centaine de recommandations émanent de cette étude inédite, sur laquelle devrait se fonder le secrétariat de l’enfance mais également les ministères de la Justice et de l’Intérieur et le secrétariat chargé du numérique pour présenter leur plan d’action d’ici octobre.

Elles ne se considèrent pas comme des victimes

A travers ce rapport, Catherine Champrenault, épaulée par l’avocat général Gilles Charbonnier, fait d’abord le constat du « chiffre noir » de la prostitution, qui concernerait entre 7 000 et 10 000 jeunes en France mais est toujours très difficile à établir. La très grande majorité de ces mineurs seraient des jeunes filles, « de 15 à 17 ans en moyenne, vulnérables, provenant de tous les milieux sociaux ». Des jeunes d’autant plus complexes à repérer et à accompagner qu’ils ne s’identifient pas, pour la plupart, comme des victimes, refusant le qualificatif de « prostitué ». Des jeunes filles pour beaucoup « incapables, selon Catherine Champrenault, de prendre la mesure de leur propre exploitation ».

Face à ces situations complexes, concernant des jeunes aux profils très différents, français et étrangers, parfois sortant tout juste de la protection de l’enfance, les rapporteurs évoquent les paramètres nécessaires à la mise en place d’un plan d’action : la définition d’un cadre de gouvernance national et territorial, en particulier à l’échelle du département, et le déploiement d’une politique de prévention primaire ambitieuse en direction des enfants, des adolescents et de leurs familles. Ils soulignent en outre la nécessité d’améliorer le repérage, le traitement judiciaire et l’accompagnement éducatif de ces mineurs, tout en préconisant le renforcement de la protection sur Internet et les réseaux sociaux. 

Combattre l’isolement des travailleurs sociaux

Concernant la protection de l’enfance, il s’agit en particulier de « combattre l’isolement » des professionnels, selon Catherine Champrenault, lançant l’alerte sur le « désarroi » des acteurs, « souvent démunis et parfois sidérés par les attitudes de ces jeunes ». Au-delà de la formation, la procureure préconise de pouvoir mettre en place des réponses réactives, en interdisciplinarité, avec des prises en charge individualisées, au long cours, et des places réservées.

Elle souligne, en outre, la nécessité de développer des hébergements adaptés et diversifiés, des possibilités de placements en famille d’accueil et des séjours de rupture. Et ce, tout en améliorant les dispositifs d’accompagnement sanitaire, notamment en matière de psychotraumas. L’accompagnement psychologique s’avère souvent clé pour ces jeunes qui présentent de nombreux facteurs de vulnérabilité ( violences sexuelles, psychologiques ou physiques, ruptures familiales…). Des violences qui, d’ailleurs, n’ont fréquemment pas été dénoncées aux autorités ni sanctionnées par la justice.

Un sujet  « trop peu investigué », selon Adrien Taquet

Pour sa part, Adrien Taquet a indiqué sa volonté de s’emparer de ce sujet jusqu’alors « trop peu investigué », et parfois même « dénié », au travers du futur plan de lutte interministériel et de la mise en place d’un comité de suivi. Le secrétaire d’Etat a par ailleurs évoqué quelques initiatives en cours, la mise en place de dispositifs expérimentaux dans deux départements et le développement d’unités d’accueil pédiatriques enfants en danger (Uaped) qui doivent être ouvertes prochainement.

Le secrétaire d’Etat avait déjà mentionné ces structures lors d’un précédent entretien avec les ASH concernant la problématique de l’inceste, qu’il décrivait alors comme des « unités pluridisciplinaires dans les hôpitaux, les services pédiatriques, où les enfants sont auditionnés par des policiers ou des gendarmes formés à la méthode canadienne d’écoute “NICHD” ». « Actuellement, ajoutait-il, il en existe une soixantaine en France, D’ici à 2022, il y en aura 100, une par département. »

Reste à savoir si, d’ici octobre, d’autres investissements seront prévus pour assurer à la protection de l’enfance des effectifs et des dispositifs d’hébergement et d’accompagnement supplémentaires.
 

 

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