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Fabrice Gzil : « L’éthique ne doit pas être hors-sol » dans l'accompagnement des personnes âgées

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Fabrice Gzil

Fabrice Gzil, docteur en philosophie et responsable des réseaux à l’Espace éthique Ile-de-France, a été missionné mi-novembre par la ministre déléguée à l’Autonomie, Brigitte Bourguignon

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Docteur en philosophie et responsable des réseaux à l’Espace éthique Ile-de-France, Fabrice Gzil a été missionné mi-novembre par la ministre déléguée à l’autonomie, Brigitte Bourguignon. Il doit lui remettre « un document-repère et une charte éthique pour l’accompagnement des personnes âgées » pendant et après la crise du coronavirus.

Actualités sociales hebdomadaires : En quoi consiste la mission que vous a confiée Brigitte Bourguignon ?

Fabrice Gzil : En temps normal, les professionnels des Ehpad [établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes] ont à cœur de faire de leurs établissements des lieux de vie. Malheureusement, la pandémie a un peu modifié la donne. J’ai donc pour mission de produire deux documents qui permettront de mettre en valeur l’éthique dans ces structures. D’ici à la fin du mois de janvier, je vais remettre à Brigitte Bourguignon un document-repère destiné aux directeurs et aux équipes de l’ensemble des structures d’accompagnement des personnes âgées afin de répondre aux questionnements qui sont les leurs en temps de Covid.

J’ai conscience que cela intervient relativement tard mais, malgré tout, je pense que ces éléments seront utiles. L'idée n'est pas de faire la leçon ou de culpabiliser mais de nommer, décrire, reconnaître les problématiques éthiques en pleine pandémie. Cela va des visites des familles à la restriction des libertés en plein confinement.

Je vais m’appuyer sur ce que les professionnels ont déjà mis en place depuis le début de la crise mais aussi sur les résultats d’une enquête lancée mi-novembre par l'Espace éthique Ile-de-France et l'Espace national éthique et maladies neuro-évolutives. A notre grande surprise, nous avons eu plus de 1 800 réponses en trois semaines : des directeurs d'établissement et des médecins coordonnateurs mais aussi des infirmières, des aides-soignantes, des ergothérapeutes... J’ai aussi rencontré un certain nombre de résidents, de représentants des familles, d’acteurs du secteur.

Et le deuxième document ?

Ce volet sera plus large puisqu'il inclus le champ du domicile. Il porte plus généralement sur la réflexion éthique concernant le grand âge : comment outiller les professionnels dans leurs questionnements et leurs efforts pour améliorer le respect des personnes, leurs choix, leur liberté et leur dignité. Il s’agira d’une charte éthique comprenant des éléments de repère, des outils concrets (comme des vidéos) qui pourront aider à la sensibilisation et à la mise en place d’une culture éthique des professionnels. Ce document sera remis au mois de juin.

L'idée est de le diffuser comme une culture, une compétence. L’éthique ne doit pas être hors-sol. Il faut de la réflexion et de l'action et permettre l'appropriation et la mise en œuvre d'une démarche adéquate. L'une des vertus de cette crise sanitaire est d'avoir démontré que le secteur s'en sort plutôt bien. Les professionnels sont porteurs de valeurs très fortes. C'est sur elles qu'il faut s'appuyer. Cela peut prendre des formes très différentes : un comité d'éthique, une démarche qualité, une démarche de bientraitance, une approche globale d'amélioration du service rendu et des pratiques.

Les conclusions de votre mission seront-elles intégrées dans la future loi « grand âge » ?

Je ne crois pas car le timing ne colle pas. Ma mission est de produire des outils utiles pour le secteur. Je ne fais pas un rapport. Je vais rendre des conclusions à la ministre et produire des outils qui n'ont pas forcément à trouver leur place dans la future loi. Pour moi, celle-ci est avant tout une loi de financement de la dépendance et de réforme du secteur : plus de prévention, plus de domicile, plus d'inclusion... Elle doit accompagner l'évolution du secteur qui s'apprête à faire face à un défi démographique sans précédent. Cependant, sans loi « grand âge », sans moyens, sans accompagnement, l'éthique risque de rester un simple discours. Donc il y a tout de même un lien avec mon travail.

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