Mobilisation, acte trois. L’intersyndicale Sud santé-sociaux et CGT appelle à manifester ce jeudi à 9h devant le conseil départemental de la Vienne. Elle espère pouvoir prendre la parole lors d’une commission permanente qui doit, le même jour, évoquer la question des coupes budgétaires dans la prévention spécialisée.
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Le vote du budget primitif, le 29 mars dernier, avait entériné la décision d’amputer de 250 000 euros la dotation allouée au service de prévention spécialisée, délégué à l’Association départementale de la Sauvegarde de l’enfance à l’adulte (ADSEA 86).
Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Depuis le 29 avril, le quartier du Lac à Châtellerault et ceux de Bellejouanne et des Trois cités à Poitiers ne disposent plus d’éducateurs. « Ce sont 400 jeunes et leurs familles qui sont abandonnés », dénoncent les syndicats.
Le bras de fer risque de durer jusqu’au 21 juin prochain, jour du vote du budget rectificatif à l’Assemblée départementale. « On a un peu d’espoir que cette décision soit rediscutée et revotée », précise Anne-Sophie Souchaud, élue Sud santé-sociaux. Avec ses camarades de lutte, elle a remué ciel et terre ces dernières semaines, réalisant un site Internet sur l’actualité de la mobilisation, pétition en ligne, tribune… Surtout, les militants ont rencontré des conseillers départementaux et députés du territoire, pour expliciter les conséquences de ce vote.
Hasard malheureux : le conflit qui a opposé, dans la nuit du 15 au 16 mai dernier, deux jeunes du quartier Saint Eloi, à Poitiers, et tué l’un d’entre eux, place au cœur de l’actualité le débat sur les moyens de la prévention spécialisée, et son articulation avec la prévention de la délinquance.
« Le département fait la sourde oreille »
Dans le sillage des éducs de prév’, un autre mouvement monte : celui des salariés de l’association Larnay-Sagesse. La section du même syndicat Sud santé-sociaux se joint à la mobilisation et appelle, elle aussi, à manifester ce jeudi.
Spécialisée dans le handicap sensoriel et les troubles du comportement, cette structure tricentenaire, qui compte 171 salariés, accuse un déficit, creusé d’années en années, de 550 millions d’euros en 2023. En cause, selon le syndicat : le gel de l’évolution des dotations depuis 2017, alors que dans le même temps, les charges augmentent, à commencer par celles liées à l’énergie et aux salaires.
« La direction de l’association alerte depuis le mois de janvier le conseil départemental, qui fait la sourde oreille. Il n’a jamais répondu à aucune sollicitation, s’indigne Brigitte Pauliat, élue Sud santé-sociaux à l’association. On nous dit qu’il n’y a pas d’argent mais ce n’est pas entendable de laisser des établissements médico-sociaux sans un minimum d’attention et de soutien financier. »
Et là encore, le coût du passage de la flamme olympique à Poitiers, estimée à 257 000 euros, frais de sécurité et d’organisation inclus selon les syndicats, reste en travers de la gorge des travailleurs sociaux…