Recevoir la newsletter

Des états généraux 2010 de la protection de l'enfance déjà controversés

Article réservé aux abonnés

"Stupeur et indignation". Ce n'est pas le titre du dernier roman d'Amélie Nothomb mais ce qu'a ressenti le président de l'association ATD Quart monde, Pierre Saglio, en lisant le communiqué publié vendredi 20 novembre par l'Elysée, à l'issue d'une rencontre à laquelle il a participé avec le chef de l'Etat et les dirigeants des principales associations actives en matière de protection de l'enfance (voir aussi encadré ci-dessous), à l'occasion du 20e anniversaire de la Convention internationale des droits de l'enfant (CIDE).
Le président de la République a en effet confié à Nadine Morano, secrétaire d'Etat chargée de la famille et de la solidarité, le soin d'organiser "au semestre prochain", avec les associations, les conseils généraux et les réseaux de travailleurs sociaux, des états généraux destinés à "améliorer la transmission de l'information préoccupante, prévue par la loi du 5 mars 2007, pour éviter que le nomadisme de certaines familles ne leur permette d'échapper au contrôle et à la surveillance des services sociaux".

Une "caricature" du travail social

Une formulation qui a fait sortir ATD Quart monde de ses gonds, l'association ne pouvant accepter, indique-t-elle dans un communiqué, "que soit ainsi caricaturé et déformé le mandat des services sociaux ramené prioritairement à un rôle de 'contrôle et de surveillance' alors que les familles les plus défavorisées demandent à être soutenues dans leur projet familial et qu’elles savent d’expérience que les professionnels sont les premiers sur qui elles peuvent miser pour assurer ce soutien".
Comment les professionnels peuvent-ils s'engager dans cette voie "si la première injonction qui leur est faite au plus haut niveau de l'Etat vise prioritairement au 'contrôle et à la surveillance'" ?, s'interroge enfin l'organisation qui annonce qu'elle "refusera de cautionner des états généraux prenant une telle orientation".

L'ANAS dénonce une "idée rétrograde"

Même interrogation du côté de l'Association nationale des assistants de service sociaux (ANAS), qui s'est aussi insurgée, lundi 23 novembre, en jugeant que "l'idée, clairement posée ici, que se font les autorités de la fonction du travail social avec les familles en difficulté constitue une information extrêment préoccupante".
Car en réduisant la fonction des professionnels au contrôle et à la surveillance, "le Président de la République réintroduit l'idée rétrogade d'une police des familles au service d'une société sécuritaire et normative", en créant les conditions de la méfiance des familles envers ces acteurs.
"Quel parent oserait dans un tel contexte parler d'une difficulté éducative qu'il rencontre à un travailleur social ?", s'interroge alors l'ANAS. Au contraire les parents risquent de retarder voire d'éviter le contact avec les services sociaux. Avec pour résultat, au final, d'augmenter les conditions "pour que des situations de souffrance d'enfants perdurent et s'aggravent", craint l'organisation professionnelle.

Valoriser le travail social ?

Cette position invalide en outre les deux objectifs suivants énoncés dans le communiqué des services de Nicolas Sarkozy, qui sont de "valoriser le travail des travailleurs sociaux et de leur permettre d'accomplir au mieux les difficiles missions qui sont les leurs" et "d'accroître la prévention de la maltraitance par un soutien plus actif à la parentalité dans les premiers mois de l'enfant".
Il doit aussi être question "de mieux venir en aide aux enfants qui vivent avec leurs familles dans des situations de grande pauvreté, en favorisant par exemple les contacts entre les familles et les équipes pédagogiques à l'école et en portant une attention particulière aux questions de logement".
Mais "où est la 'valorisation du travail des travailleurs sociaux' lorsqu'on le qualifie avec des termes et fonctions adaptés à l'administration pénitentiaire ?", réfute l'ANAS, et quant à prévenir la maltraitance en renforçant le soutien à la parentalité, faut-il par là envisager de recourir à "des vigiles" ou à "des travailleurs sociaux en qui on a confiance ?", ironise-t-elle.
Considérant enfin que cette déclaration, qu'elle juge cohérente et complémentaire avec le plan de prévention de la délinquance, "semble indiquer une volonté de faire glisser un peu plus la fonction du travail social d'un soutien aux familles vers un contrôle de leurs actes et choix", l'organisation s'inscrit en faux et, comme ATD Quart monde, "refusera de cautionner des états généraux prenant une telle orientation".

La défense des enfants renforcée ?

Quant au fonds national de protection de l'enfance, prévu par la loi du 5 mars 2007 mais "dont l'application se heurte à des difficultés juridiques", selon l'Elysée, il doit faire l'objet de discussions entre Nadine Morano et les associations afin d'étudier "les formules permettant d'atteindre [ses] objectifs".
Pour ce qui est enfin des attributions qui seront confiées au futur défenseur des droits, le président de la République a assuré que "la réforme contribuerait à renforcer la défense des enfants, puisque ce dernier bénéficierait d'un statut de niveau constitutionnel et de prérogatives et de moyens d'investigation élargis", tout en étant assisté par un collège de personnalités qualifiées, "spécifiquement chargé de l'éclairer dans ce domaine".
Des assurances qui ne sont pas nouvelles et ne suffiront peut-être pas à rassurer les associations, inquiètes de la disparition de l'institution du défenseur des enfants, comme l'a rappelé ATD Quart monde, en soulignant que le législateur devrait prendre en compte, dans sa réflexion sur le projet de loi qui lui sera soumis, plusieurs principes tels que le maintien de la mission de médiation du défenseur des enfants, de la référence explicite à la CIDE ou encore d'une "responsabilité effective vis-à-vis des enfants". Le débat parlementaire doit effectivement être "l'occasion d'enrichir le texte et de renforcer ces garanties", a promis le gouvernement.

A.S.

Protection de l'enfance

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur