Recevoir la newsletter

Réforme des modes d'accueil : les professionnels de la petite enfance sont en colère

Article réservé aux abonnés

Les professionnels de la petite enfance ont manifesté le 2 février contre la réforme des modes d’accueil portée par le secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles, Adrien Taquet. En cause, un taux d'encadrement revu à la baisse et une dégradation de la qualité d'accueil.

« Notre colère est intacte, face à ce manque d’écoute, mais on ne lâchera pas. On va revenir avec une nouvelle date de mobilisation rapidement. » Après la manifestation et une heure quinze d’entretien au ministère avec David Blin, conseiller d’Adrien Taquet, le constat est amer pour la porte-parole du collectif « Pas de bébés à la consigne ».

« Pour nous, le ministère a surtout écouté les gestionnaires du secteur privé lucratif, qui menacent de ne pas ouvrir des places en crèche s’il n’y a pas d’assouplissement des règles. », souligne Birgit Hilpert.

Plus de mal que de bien

Depuis 2009, ce collectif d’associations et de syndicats de professionnels de la petite enfance défend la qualité d’accueil des jeunes enfants et craint que la réforme présentée en décembre dernier ne la dégrade au lieu de l’améliorer.

Les nouvelles dispositions « se traduiraient par toujours plus d’enfants accueillis par des professionnels en moyenne toujours moins qualifiés ou moins disponibles », écrit le collectif, qui a appelé les employés des crèches, des haltes-garderies et les assistantes maternelles à faire la grève et à manifester mardi 2 février dans plus de 30 villes de France.

Pourtant, il a fallu 2 ans de travail et 8 mois de concertation pour aboutir à ce projet d’ordonnance dont l’ambition était de clarifier et de simplifier les objectifs, responsabilités respectives et règles d’accueil des jeunes enfants, pour les professionnels, les autorités locales, et les parents. Mais aussi, dans le cadre des travaux autour des « 1000 premiers jours » de « concentrer l’attention et les moyens sur cette période fondatrice pour l’enfant », notamment en augmentant le nombre de places disponibles et en améliorant la formation des professionnels.

Un taux d'encadrement à la baisse

A l’arrivée, un texte qui autorise un taux d’encadrement unique d’un adulte pour 6 enfants en crèche, même pour les bébés de moins de 18 mois, la possibilité d’accueillir en surnombre tous les jours 15% d’enfants, celle d’inclure les apprentis dans le calcul du taux d’encadrement - qui du coup, est revu à la baisse -, et permet à des personnes sans expérience professionnelle préalable de l’accueil d'occuper des postes de direction dans les crèches de moins de 40 enfants.

En accueil à domicile, le projet autorise un agrément ordinaire pour 6 enfants par assistante maternelle et jusqu’à 8 enfants potentiellement présents simultanément. Côté accompagnement des professionnels, la réforme propose une demi-heure par mois d’ « analyse de pratique » aux employés des structures collectives, et rien d’obligatoire aux assistantes maternelles.

Pour Birgit Hilpert, la déception est grande : « Pendant la concertation, nous avons eu des moments de grands espoirs, particulièrement avec la “Charte nationale pour l’accueil du jeune enfant  et le Rapport des 1000 premiers jours de l’enfant , qui met en avant des propositions que nous portons depuis des années. Mais finalement, les conclusions de ce rapport n’ont pas été prises en compte dans la réforme, et même si la charte d’accueil du jeune enfant est mise en avant par les CAF et les gestionnaires, et qu’il est prévu de l’inscrire dans la loi, son application n’est pas obligatoire, et elle ne précise pas, chiffres à l’appui, ce que la “qualité d’accueil ” signifie ».

« Il faut des places et voilà »

Lors de la présentation de sa feuille de route, le 12 janvier dernier, Adrien Taquet avait parlé de l’urgence actuelle de « préserver et développer la capacité d’accueil, durement mise à l’épreuve par la crise sanitaire et ses conséquences », et donc  « étudier les moyens de renforcer encore le soutien financier apporté à la pérennisation des places existantes ainsi qu’à l’incitation à créer des places nouvelles ».

Puis il avait défendu sa réforme des modes d’accueil à venir, « marquée par le pragmatisme et la recherche d’efficacité en ouvrant des possibilités nouvelles et en faisant confiance aux territoires pour expérimenter des organisations locales différenciées. Une réforme empreinte enfin de respect et d’écoute pour tous les professionnels du secteur par les droits nouveaux qu’elle ouvre (accès à la médecine du travail pour les assistants maternels)... ».

 Les professionnels semblent loin d'être de cet avis : « Le ministère est dans une logique économique et de rentabilité, il faut créer des places et voilà, déclare la représentante du collectif « Pas de bébés à la consigne ». Mais c’est une vision de très court terme. Parce qu’avoir des places en crèche quand il n’y a plus de professionnels qui veulent y travailler, ça ne peut pas tenir. A moins de revenir des décennies en arrière et de confier la petite enfance à des personnes non formées. »

Protection de l'enfance

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur