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Violences dans les foyers de l’ASE en Charente-Maritime : « il n’y a pas d’omerta », selon Sylvie Marcilly

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Sylvie Marcilly, Présidente du département de la Charente-Maritime

Sylvie Marcilly, Présidente du département de la Charente-Maritime

Face aux violences dans les foyers de l'enfance de Charente Maritime, Sylvie Marcilly, présidente du département, évoque  un système « à bout de souffle ». Une situation qui met en danger les enfants accueillis et les professionnels qui les accompagnent. 

Les éducateurs des foyers de l’enfance de Charente-Maritime, qui la semaine dernière, ont dénoncé dans une lettre ouverte, les violences subies au quotidien mais aussi les cas de violences sexuelles entre les mineurs accueillis, ont été reçus par le préfet, mardi 12 mars. Présente à cette rencontre, la présidente du département, Sylvie Marcilly, estime que des solutions existent au niveau local. Et qu'un combat est à mener au plan national.

Quel regard portez-vous sur la situation dans vos foyers de l’enfance ?

Sylvie Marcilly : Les éducateurs de nos foyers de l’enfance de Saintes et Puilboreau sont pleinement investis dans leur métier. Ils l’exercent par passion, par choix, et sont animés d’un réel engagement. Mais ils sont confrontés à des enfants de plus en plus violents, qui ont des parcours de vie de plus en plus complexes. Certains nécessiteraient un suivi psychologique, voire psychiatrique renforcé. Plus d’un tiers des enfants accueillis sont en situation de handicap psychique et/ou physique et disposent d’une notification de la MDPH pour une entrée en ESMS (Etablissements et services médico-sociaux). Ces enfants n’ont pas bénéficié de soins adaptés lorsqu’ils vivaient avec leurs parents.

>>> Sur le même sujet : Violences dans les foyers de l’enfance de Charente-Maritime : les éducateurs appellent à l’aide 

D’autres présentent des troubles de la parole, parfois un mutisme dû aux traumatismes. Ils cumulent un retard scolaire et, parfois, des troubles du comportement, notamment des comportements sexuels inappropriés. Ces enfants relèvent d’une prise en charge en ITEP ou en IME. Mais faute de places dans ces structures, ils sont pris en charge par l’ASE, dernier filet de sécurité quand les autres dispositifs sanitaires et médico-sociaux ne répondent plus. Les parcours de placement sont par ailleurs ponctués de ruptures plurielles, avec des allers-retours entre différents lieux d’accueil et leur famille. Cela complexifie leur prise en charge.

Comment expliquez-vous cette montée des violences ?

Elle s’explique par différents facteurs. D'une part, la sectorisation de la pédopsychiatrie. Par exemple, un enfant qui décompense au foyer de Saintes ne pourra pas être pris en charge par l’unité de soins psychiatriques de la Rochelle. D'autre part, nous avons des enfants qui se rendent 4h par semaine en ITEP, et le reste du temps, l'enfant est au foyer, déscolarisé. Ces temps de prise en charge, morcelés, ne correspondent pas à leur besoin d’accompagnement renforcé, tant sur le plan éducatif que psychologique. Enfin, on peine à recruter, entre le turn-over important et la vacance de postes d’éducateurs, les équipes sont en sous-effectif. Deux postes de psychologues sur quatre ne sont pas pourvus. Faute de soins, les éducateurs sont régulièrement victimes d’agressions de la part d’enfants et d'adolescents. Et on retrouve cette violence physique mais aussi sexuelle entre les mineurs. Ce peut-être des violences dont ils ont été témoins au sein de leur famille, qu’ils reproduisent. Il n’y a pas d’omerta de la part de nos institutions autour de ces problématiques dramatiques. Nous considérons pleinement cette situation et souhaitons apporter des solutions.
 

Une réunion a eu lieu le 12 mars avec vous et tous les acteurs du secteur. Quelles sont les solutions envisagées ?

Cette rencontre était primordiale pour que chacun prenne conscience de l’ampleur des difficultés. Nous avons été d’accord pour dire qu’il n’est pas question de moyens financiers puisque 78 millions d’euros par an sont consacrés à la protection de l’enfance en Charente-Maritime. A l'issue de ces échanges, nous avons décidé d’organiser des ateliers au sein desquels nous travaillerons sur des préconisations que nous ferons remonter au niveau national, en associant l’ARS, l’éducation nationale, la justice, et d’autres présidents de départements qui rencontrent les mêmes problèmes.

La question des chambres individuelles doit être traitée au cas par cas. Une chambre double peut être indiquée pour des frères et sœurs, quand il n’y a pas de violences dans la fratrie. Pour les enfants présentant un risque de violences sexuelles sur leurs pairs, nous aménagerons des chambres individuelles, en réduisant le nombre de salles de jeux par exemple. Nous souhaitons continuer à développer la mise en place de mesures éducatives à domicile, la prévention et le soutien à la parentalité avec la PMI, en constituant des binômes réguliers de sage-femme et psychologue, lors de la rencontre avec les futurs et jeunes parents. Le renforcement de la prévention en matière de protection de l’enfance est un véritable enjeu, pour éviter que les situations ne se dégradent et conduisent au placement. Nous organisons également dans notre département un forum annuel des emplois du médico-social à destination des lycéens, dans l’objectif de susciter des vocations pour les métiers du travail social, en particulier socio-éducatifs.

>>> à lire aussi : La lettre ouverte au préfet

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