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Psychiatrie : des « enfermements arbitraires » selon le CGLPL

En fonction de l’offre de soins, les hospitalisations sans consentement dépassent parfois 50% des admissions dans certains territoires.

Crédit photo CGLPL
Pour le rapport d’activité 2023, les contrôleurs des lieux de privation de liberté ont visité 110 établissements, souvent par surprise. Objectif : évaluer et rendre public ce qui est effectué pour améliorer le sort des personnes concernées. Plusieurs atteintes aux droits sont relevées un peu partout, avec une situation alarmante en psychiatrie.

Surpopulation carcérale (avec un taux d’occupation moyen de 150,4% en 2023), mauvaises conditions de détention et de soins, « carcéralisation croissante » de la rétention administrative (CRA) des étrangers, grande précarité des centres éducatifs fermés (CEF)… Dans son dernier rapport, publié le 16 mai dernier, Dominique Simonnot, Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, alerte aussi sur la crise démographique inédite que traverse la psychiatrie.

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« Il n’est pas un seul des établissements visités par le CGLPL qui ne souffre pas, avec plus ou moins d’intensité, de graves problèmes de recrutement de médecins et de personnel soignant. Certains hôpitaux ne sont plus en mesure de faire face à leurs obligations et ferment des lits de manière provisoire ou durable, ce qui a pour effet de reporter la charge sur les services voisins qui sont alors saturés. ».

Une situation tendue d’une « extrême gravité », selon le CGLPL qui, sauf à changer de modèle, ne peut « aller qu’en s’aggravant ». Les urgences, où il est fréquent d’attendre un lit plus de 48 heures attaché concentrent souvent de sévères atteintes aux droits des patients. Car si, en vertu de la réglementation, des établissements ont réduit l’isolement et la contention, ils constituent encore une minorité et des « enfermements arbitraires » demeurent. En fonction de l’offre de soins, les hospitalisations sans consentement dépassent parfois 50% des admissions dans certains territoires.

« J’ai dû uriner par-dessus les barrières du lit »

Face à l’impuissance des professionnels, le risque de délaissement des malades est patent, comme le montre ce témoignage accablant : « Attaché pieds et poings liés durant 16h d’affilée sans passage d’infirmier et sans bouton d’appel d’urgence. J’ai dû uriner tant bien que mal par-dessus les barrières du lit ; Sédation et médication pour traiter mon état alors qu’un seul échange patient/médecin a eu lieu en pleine nuit après ma sédation donc autant parler avec un mur vu le dosage employé et la fatigue émotionnelle que je présentais (…) ».

Autre point noir : « La pédopsychiatrie, plus sinistrée encore que la psychiatrie pour adultes, est absente dans de nombreux départements ou dépourvue de toute capacité d’hospitalisation », déplore le CGLPL Conséquence : de nombreux enfants et adolescents sont gardés dans les services pour adultes, non adaptés à leur prise en charge. Beaucoup de mineurs se retrouvent également à l’isolement « sans fondement légal ». Le CGLP constate d’ailleurs que « les CEF accueillent de plus en plus de jeunes souffrant de troubles psychiatriques ou cognitifs, qui échouent là parce qu'aucune solution ni structure adaptée à leur cas n'a été trouvée ».

De quoi s’inquiéter au vu d’un rapport de la Dress du 16 mai dernier qui observe une forte augmentation des tentatives de suicide et des scarifications chez les adolescentes autour de 15 ans.

 

Le rapport complet est disponible aux éditions Dalloz. Il sera téléchargeable sur le site du CGLPL à partir du 27 juin prochain.

Télécharger le dossier de presse

 

>>> Sur le même sujet: Le CGLPL dénonce la « nette aggravation » de la surpopulation carcérale

 

 

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