Dans son rapport 2022 sur la « Rentrée sociale des associations sanitaires, sociales et médico-sociales », l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux) analyse les enjeux du nouveau quinquennat au regard de l’inflation. Composé d’un peu plus de 300 pages, le document alerte sur la persistance du manque d’attractivité des métiers. Dans tous les secteurs, « la situation de l’emploi associatif est en tension ».
L’Uniopss s'interroge également sur les restrictions budgétaires envisagées pour réduire la dépense publique. Une décision prise pour « coller » à une comptabilité plutôt que pour répondre aux besoins, alors que certains dispositifs fonctionnent, comme le Logement d’abord qui améliore l’insertion sociale et réduit le recours aux services de soins, d’hébergement et de justice. Conséquence prévisible de ces réductions : un accroissement de la demande d’accompagnement social, souligne l'organisme.
Pour réduire les déficits et « résoudre les problèmes nécessitant une intervention sociale », l'Uniopss suggère de privilégier la prévention plutôt que la « réparation » qui prévaut aujourd'hui. Et de tabler, par ailleurs, sur la mise en place de réformes structurelles, comme l'adoption d'une loi « autonomie » ou la refonte des minima sociaux.
Crise sanitaire et chômage
Le rapport identifie aussi les besoins nécessaires pour faire face aux effets de la crise sanitaire sur la santé mentale alors que 30 % des postes de psychiatres sont vacants au sein des hôpitaux publics. Une étude, réalisée par l’institut Ifop pour la fondation Jean-Jaurès, indique que depuis septembre 2021 plus d’un tiers des Français ont envisagé le suicide. « A titre illustratif, le fait d’avoir été au chômage pousse les pensées suicidaires à 49 % et les pensées dépressives à 63 % », révèle le sondage.
Si deux ans et demi après la pandémie le niveau d’anxiété de la population générale diminue, ce n’est pas le cas des personnes souffrant de pathologies chroniques. Parmi ses préconisations, l’Uniopss rappelle la nécessité d’adapter l’offre de soins aux parcours complexes et de développer l’offre de proximité et les dispositifs « d’aller vers ».
Deux ans pour un rendez-vous en centre médico-psychologique
Les réflexions portent aussi sur la crise que traverse la pédopsychiatrie : « Les pédopsychiatres en secteur public voient leur nombre diminuer chaque année, les formations par des pédopsychiatres n’étant même plus dispensées dans certaines universités. En ambulatoire, les délais d’attente sont extrêmement longs pour ces accompagnements : il faut attendre deux ans pour obtenir un rendez-vous en CMP auprès d’un psychiatre infantojuvénile. » Le repérage précoce resterait pourtant un levier essentiel d’amélioration des conditions de vie des personnes fragiles.
La stabilité financière des structures en danger
L'Uniopss s'inquiète également des répercussions de l’inflation et de l’augmentation des coûts de l’énergie. Ces derniers n'ont pas été pris en compte dans le cadre des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (Cpom). « Les structures, nombreuses, qui ont demandé à ce qu’elles le soient, se sont heurtées à ce jour à un refus de principe, au motif qu’une telle compensation créerait un précédent dans le secteur social et médico-social qui nécessiterait d’appliquer les mêmes compensations aux autres secteurs et ne serait pas absorbable en termes budgétaires. »
De ce point de vue, la vigilance sur la stabilité financière des structures d’accueil, d’hébergement et d’insertion (AHI) apparaît donc majeure.
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