« Regarder en face la pratique prostitutionnelle, sans être aveuglé par elle au point de la laisser engloutir l’adolescent concerné. » Dans le deuxième volet de son rapport « Protéger les enfants et les adolescents de la prostitution », publié le 15 novembre, l’Observatoire national de la protection de l’enfance (ONPE) fait le point sur quelques actions à mener envers les mineurs prostitués.
Accompagner sans juger
Destiné aux professionnels, le document pointe l’importance de mettre à distance les réactions émotionnelles ou fatalistes, a fortiori lorsque le jeune rechute ou qu’il fait une fugue. Le conseil de l’ONPE vise à s’intéresser surtout aux effets du soutien sur le long terme. Pour cela, la première phase d’accompagnement s’avère fondamentale : elle tient à la relation nouée entre le professionnel et le jeune. L’objectif étant qu’un lien suffisamment fort se construise. « Ces adolescents ont besoin de se considérer autrement qu’à travers ce qu’ils montrent, font et subissent, et les ramener vers des préoccupations et expériences plus en phase avec leur âge est un des objectifs du travail », souligne le rapport. Cela suppose « la transition souple d’un milieu traumatogène à un milieu de protection » et implique une écoute sans jugement pour comprendre le point de vue du mineur. Sans cela, difficile d’imaginer qu’un travail d’accompagnement psycho-socio-éducatif vers un projet de vie et d’insertion puisse aboutir.
Plus que jamais, « aller vers »
Les actions d’« aller vers », de protection « hors les murs », les propositions de mises à l’abri sont, elles aussi, essentielles. En effet, l’accroche avec le jeune s’opère souvent en période de fugue de chez ses parents ou de son lieu de placement. « Les services de maraudes de rue et numériques, la prévention spécialisée, les équipes mobiles de soins sont à cet égard particulièrement pertinents », assure l’ONPE. Si la création de services dédiés à la prostitution n’apparaît pas comme une solution exclusive, en revanche, le succès de l’accompagnement exige le maillage d’un réseau de lieux de prise en charge large et diversifié, afin que les professionnels puissent tester plusieurs solutions.
Reste que, pour l’heure, les dispositifs dédiés à la lutte contre la prostitution des mineurs manquent, ainsi que les professionnels compétents en la matière. « Nous n’avons pas rencontré de structures dédiées exclusivement à l’accueil de mineurs victimes de prostitution en mesure d’exposer une organisation et des pratiques pérennes, sécurisantes pour les équipes éducatives et disposant de suffisamment de recul quant aux effets sur les adolescents accueillis », note l’observatoire.
Pour rappel, le premier volet du rapport de l’ONPE fournit aux professionnels des repères juridiques, criminologiques, sociologiques et psychologiques. Deux fiches synthétiques et une vidéo complètent les parutions.
>> Rapport de l'ONPE sur la protection des enfants et des adolescents en situation de prostitution
>> Fiche synthétique 1
>> Fiche sythétique 2
>> Vidéo de l'ONPE