« Comment on fait les bébés ? », demande une petite fille à son frère. « Ben c’est simple, répond-il devant ses parents sidérés. La femme, elle est à quatre pattes. L’homme lui tire les cheveux, et elle crie très fort. »
La campagne de sensibilisation, lancée le 9 février par le gouvernement, se veut choc. L'objectif ? Interpeller les parents sur les risques liés à l’exposition de leurs enfants à la pornographie en ligne. Pour les informer et les inciter à mettre en place des outils de contrôle parental, que seulement un tiers des parents connaîtrait, une plateforme leur est dédiée, www.jeprotegemonenfant.gouv.fr.
En effet, même si de plus en plus d’enfants ont accès très jeunes à des smartphones et des tablettes, peu de parents sont réellement conscients des dangers auxquels leur progéniture est exposée : un jeune sur deux affirme être tombé sur des contenus pornographiques par hasard, et plus de la moitié d’entre eux estiment avoir vu leurs premières images pornographiques trop jeunes.
Ce phénomène n’est pas sans conséquences : en 2017, près de 25 % des jeunes déclaraient que la pornographie a eu un impact négatif sur leur sexualité en leur donnant des complexes et, en 2018, 44 % affirmaient reproduire des pratiques qu’ils ont vues dans des vidéos pornographiques.
Cédric O, secrétaire d’Etat chargé de la transition numérique, et Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de l’enfance, s’emparent ainsi d’un des chantiers prioritaires du quinquennat du président de la République, qui soulignait lors de son discours à l’Unesco en 2019 : « L’imaginaire et la sexualité des jeunes se construisent par la brutalité de ces images. Nous devons les protéger face à ces contenus. »
Le site est né des suites de la signature en février 2020 d’un protocole d’engagement de 32 acteurs publics, privés et associatifs. Il centralise, pour la première fois, les informations sur les risques de l’exposition à la pornographie et sur les solutions disponibles pour y remédier. Enfin, il propose des contenus d’éducation à la sexualité pour susciter le dialogue familial.
D’après la dernière étude de l’Unaf (Union nationale des associations familiales) en partenariat avec l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (Open), « La parentalité à l’épreuve du numérique », publiée l'an dernier, 44 % des parents s’estimaient pas ou insuffisamment accompagnés dans l’encadrement de la pratique numérique de leurs enfants.