Avec son enquête « Flash » sur le fonctionnement des structures de l’aide sociale à l’enfance (ASE) pendant la période de confinement liée au Covid-19, la Drees (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) propose un état des lieux de la situation au cours de la troisième semaine de confinement – du 30 mars au 5 avril – dans les établissements et services d’action éducative. Pour des raisons statistiques et de délais très courts, cette enquête n’inclut pas les assistants familiaux.
Parmi les informations publiées, notons que, en date du dimanche 5 avril, 0,6 % des jeunes étaient malades du Covid-19 (suspectés ou avérés) dans les établissements et services de l’ASE. Du côté des professionnels des lieux d’action éducative, 3,5 % étaient malades (suspectés ou avérés) à la même date. A l’image du reste de la population, on enregistre davantage de cas en Ile-de-France et dans le Grand Est. La Drees souligne cependant une proportion « très rare » d’hospitalisations des jeunes et des professionnels.
Suractivité, accompagnement scolaire et manque de masques
D’après les résultats de cette enquête, un grand nombre de structures (75 % des établissements de l’ASE et 33 % des services d’action éducative) ont connu une baisse d’effectifs pendant la période. Les deux causes principales avancées sont les arrêts maladie, liés ou non au Covid-19, et les problèmes de garde d’enfants. En conséquence, les personnels présents ont davantage travaillé qu’en temps normal. C’est le cas dans trois établissements de l’ASE sur cinq et dans deux services d’action éducative sur cinq. Dans ces situations, la suractivité s’est traduite par l’abandon de jours de congés préalablement posés et par des heures supplémentaires, notamment la nuit, dans 61 % des lieux de vie concernés.
Pour pallier le manque de personnel, l’ASE a reçu un renfort important de bénévoles. Ainsi, en plus de leurs réseaux habituels, les structures ont accueilli une part de nouveaux bénévoles, dont une immense majorité d’étudiants en travail social : ils représentaient 67 % des nouveaux bénévoles dans les établissements. Si la Drees souligne que la continuité pédagogique a pu être assurée dans l’immense majorité des cas, les résultats de son enquête pointent aussi le manque dans certaines structures de matériel informatique disponible pour les jeunes.
Contrairement à la scolarité, le suivi médico-psychologique a été plus difficile à mettre en œuvre : dans un quart des établissements ces suivis n’ont pas pu être assurés. La fermeture de certains lieux comme les IME (instituts médico-éducatifs) ou les Itep (instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques) expliquent en partie cette absence de suivi. L’enquête permet aussi de relever une forte disparité dans la disponibilité des masques : la moitié des établissements en disposaient pour l’ensemble du personnel en contact avec les jeunes (non malades) alors que, dans un quart des établissements (hors lieux de vie), il n’y en avait pas du tout pour ces mêmes professionnels. En cas de contamination des jeunes, en revanche, quatre établissements sur cinq disposaient de masques pour tout le personnel.
Des jeunes mobiles et des droits de visites suspendus
Toujours pendant la semaine du 30 mars au 5 avril, une part importante de jeunes ont dû changer de lieu de vie habituel, dans 25 % des établissements de l’ASE et 30 % des services d’action éducative. Deux explications à ce phénomène : d’abord, la volonté de privilégier un retour en famille pour la durée du confinement ; mais aussi, à l’inverse, la nécessité de retirer le jeune de sa famille à cause des risques encourus. Par ailleurs, un établissement sur cinq a alors continué d’accueillir de nouveaux jeunes.
On note aussi, sur cette même période, que le maintien du droit de visite et d’hébergement des parents n’a pas pu être assuré dans quatre établissements sur cinq. Un chiffre qui n’implique pas nécessairement la rupture du contact, grâce à des conversations téléphoniques ou des visioconférences. Enfin, interrogés sur le comportement des enfants, près de la moitié des établissements de l’ASE estiment que les jeunes ne sont « ni plus ni moins hostiles qu’une semaine normale avant confinement ».