Psychomotricienne, comportementaliste canin, Danièle Berthelot est intervenue pendant plus de quinze ans avec ses chiens à l’EHPAD Tiers Temps à Pau et dans l’Unité de Soins Palliatifs (USP) du Centre hospitalier de Pau.
« C’est l’observation des enfants qui a déclenché mon envie de travailler avec des chiens. Vu leur attirance envers ces animaux, il m’a semblé évident d’associer un chien à ma pratique. Ce dernier enrichit la communication non-verbale et incite les enfants à se mobiliser et aller vers l’autre. J’ai cherché à me former, à éduquer mon chien, mais les méthodes coercitives à l’époque de certains clubs ne me convenaient pas. J’ai donc orienté mes recherches vers l’éthologie. Comprendre le comportement du chien pour ajuster mes objectifs thérapeutiques était un préalable indispensable à la mise en place d’un projet de « canithérapie psychomotrice ». Mon idée était d’utiliser les chiens comme médiateurs dans l’accompagnement de personnes âgées, d’enfants, d’adolescents et d’adultes souffrant de pathologies psychiques et/ou physiques. »
Mes projets ont été soutenus par des médecins gériatres, notamment dans des structures recevant des personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer. Le chien permettait l’expression de la sensibilité de la personne, souvent enfouie par le contexte de l’institution. Cette approche psychomotrice s’inscrivait dans les objectifs thérapeutiques de toute l’équipe soignante comme dans le projet de vie de chaque personne participante. Quel que soit l’établissement où j’ai exercé, je ne suis parvenue à concrétiser un projet que lorsque la direction, mais aussi la totalité des professionnels étaient convaincues de sa pertinence. Après, tout reste à construire avec le patient et ses proches parfois.
« À l’Unité de Soins Palliatifs (USP) de l’hôpital de Pau, par exemple, le chien a peu à peu pris sa place. Au début, quelques familles étaient surprises, mais le chien s’impose toujours par sa présence rassurante. J’avais l’impression qu’il percevait que nous évoluions dans un service où la vie et la mort étaient très présentes. J’observais, je restais toujours à l’écoute de ce que manifestaient mes animaux. Si je percevais une réticence, je n’insistais pas. La présence du chien permettait souvent d’aborder l’accompagnement de fin de vie sans tabou, parce que le patient était centré sur l’animal. Parfois, j’assistais à de longs échanges non-verbaux, de longs regards qui n’appartenaient qu’à ce binôme patient-chien. Nous avons beaucoup à apprendre de ce qui se dit au-delà des mots. »
POUR ALLER PLUS LOIN
▸ CANO Guillaume, Maladie d’Alzheimer et médiation animale : quel impact sur les troubles du comportement ?, mémoire de fin d’études d’ergothérapie, Lauréat prix Marie-Claude Lebret 2014
▸ COLNEY Laëtitia, Médiation animale et trouble psycho-comportementaux de la démence, évaluation en unité de vie protégée, thèse de médicine, Université de Strasbourg, 2015
▸ GARZON Edwin et SILLOU Jean-Marie, Médiation animale et maladie d’Alzheimer : bénéfices sur l’apathie des malades en institution, La Revue de Gériatrie, 2014
▸ KOHLER Robert, État des lieux de la médiation animale dans les maisons de retraite. De la théorie vers la conception d’un cahier des charges, 2012
▸ KOHLER Robert, Les activités associant l’animal en milieu sanitaire, social et médico-social : l’approche démographique, juridique et managériale, Handi’Chiens & Fondation A et p SOMMER, 2009 personnes âgées et médiation animale, cahier n° 1, collection Les cahiers de la Fondation Adrienne et pierre Sommer 2017
▸ SALICETI Clémentine, L’activité associant l’animal : une solution pour lutter contre l’apathie des DTA ?, mémoire de fins d’études d’orthophonie, 2011
▸ SILLOU Jean-Marie, Efficacité de la thérapie assistée par l’animal sur les symptômes psychologiques et comportementaux de la démence, thèse de Doctorat de psychologie, Université de Côte d’Azur, 2016
▸ VAILLANT – CISZEWICZ A.J., ROSSI R., QUADAR A., PALAZZOLO J., Les effets thérapeutiques de l’animal en EHPAD, Revue NpG Neurologie – psychiatrie – Gériatrie, avril 2017