A. Des chevaux en psychiatrie
À Lyon, au Centre hospitalier Saint-Jean de Dieu, un hôpital privé qui assure des missions de service public en psychiatrie, ce sont des chevaux qui ont fait leur entrée en 2012, avec un objectif ambitieux : améliorer la relation et la communication, favoriser les apprentissages cognitifs et sensori-moteurs pour les personnes souffrant de troubles psychiatriques.
Ce projet de médiation équine est le fruit d’une collaboration active entre un groupe de cliniciens, la direction de l’établissement et l’association spécialisée Equi-liance. Il s’adresse à tous les patients, quels que soient leur âge et la nature de leur trouble psychiatrique. L’hôpital a souhaité intégrer totalement cette pratique à son fonctionnement et a mis à la disposition de quatre chevaux, qui vivent là à demeure, 25 hectares d’espaces verts. Le personnel qui s’occupe des jardins a été formé à l’entretien et à la conduite des animaux. Les soignants ont reçu (dans le cadre de la formation continue) une formation à la pratique de la médiation équine. L’ensemble du personnel hospitalier a été sensibilisé et impliqué dans le projet.
Les effets se sont fait sentir très rapidement. Une liste de 2000 personnes concernées s’est mise en place, 18 séances de médiation équine ont été organisées chaque semaine s’adressant soit à des personnes seules soit à des petits groupes de quatre personnes maximum. Plus de 50 personnes ontété formées en quelques années, 10 services de l’hôpital développent des activités permanentes en médiation équine sur indications posées parles médecins. Les services avec pathologies lourdes sont les plus demandeurs.
B. À Poitiers, un programme de médiation animale multidimensionnel
Le Centre Hospitalier Henri Laborit de Poitiers est quant à lui spécialisé dans la prise en charge des troubles psychiques. Il développe depuis plus de dix ans des activités de médiation animale pour aider les enfants de 2 à 18 ans suivis en service de pédopsychiatrie pour différents troubles (autisme, psychose, troubles du langage...).
Un important programme de médiation animale a été mis en œuvre dans plusieurs structures appartenant à l’hôpital ou à l’extérieur. Ce programme comprend une ferme pédagogique (animaux domestiques) qui accueille des enfants adressés par des Instituts Médico-Éducatifs (IME), une structure avec des petits animaux (lapins, poules) destinée aux enfants atteints d’un trouble sévère du langage oral, des activités d’équithérapie proposées dans des centres équestres mettant des chevaux à la disposition de l’hôpital, une activité de médiation canine assurée par un intervenant extérieur à l’hôpital (chien visiteur).
GRINGO, CHIEN D’ASSISTANCE POUR ENFANT AUTISTE
Témoignage de Nathalie Favier, mère de Suzie, bénéficiaire d’un chien d’assistance
« Suzie est autiste de haut niveau et sa scolarité en primaire a été difficile : affectation dans une école en dehors de notre département de résidence, changements fréquents d’AVS (auxiliaire de vie scolaire)... J’ai découvert l’existence de l’association Handi’Chiens par le biais de mon activité professionnelle [NDLR : orthophoniste]. Je suivais une jeune fille handicapée moteur qui avait reçu un chien d’assistance et j’avais pu constater le bénéfice qu’elle en tirait. Nous avons fait une demande qui a été acceptée et c’est ainsi que Gringo est entré dans la vie de Suzie.
Suzie a achevé sa scolarité en primaire et a été admise en 6e dans le collège de secteur. Je redoutais la rentrée et toutes les épreuves que cela allait représenter. tout y était inconnu pour elle : le lieu, ses camarades de classe, ses professeurs (différents pour chaque matière), son AVS...
L’accueil de tous – administratifs, enseignants, élèves – a été extraordinaire et la présence de Gringo a été déterminante. Il a servi de catalyseur à un groupe d’enfants qui ne se connaissaient pas à l’entrée en 6e, il a généré de la bienveillance envers Suzie en rendant immédiatement repérable sa différence tout en lui permettant de l’atténuer parce que sa relation aux autres en a été facilitée. Il l’a rassurée par sa présence permanente. Gringo est certes un chien d’assistance, mais il est aussi un chien d’éveil. Il « éveille » l’enfant au monde qui l’entoure. Il « éveille » également à la différence, au handicap invisible toutes les personnes qui sont amenées à croiser l’enfant et sa famille dans toutes les circonstances de la vie. Gringo est un labrador couteau suisse ! ».
Ce dispositif de médiation animale à plusieurs facettes fait partie intégrante du processus thérapeutique et fait l’objet d’évaluations régulières (grilles d’observation, filmage des séances, partages d’expérience en équipes pluridisciplinaires, évaluation chiffrée, recueil et prise en compte des avis et critiques).
C. Niddle, un chien pour apprendre à lire et à compter
Prélude est la structure pédopsychiatrique de l’Hôpital de jour d’Albi qui accueille des enfants âgés de 3 à 12 ans souffrant de troubles autistiques et psychiques. La médiation équine est déjà pratiquée par l’hôpital depuis plus de 20 ans, mais la présence permanente d’un chien au sein du service a fait l’objet d’un programme doté d’objectifs spécifiques. Le projet consistant à faire du chien un élément moteur de l’activité du service a été initié par une pédopsychiatre et une éducatrice pour jeunes enfants de l’hôpital. Il s’agissait de favoriser l’utilisation du langage non verbal pour permettre à des enfants d’accéder à la communication et d’associer la présence du chien et son évocation à certaines activités scolaires (calcul, lecture) pour les rendre concrètes et accessibles.
Le dossier a été accepté par l’association Handi’Chiens qui a formé deux personnes référentes et octroyé le chien d’assistance Niddle. Depuis 2013, les activités menées avec Niddle ont permis de faciliter la prise en charge d’enfants particulièrement perturbés sur le plan de la communication. L’aide apportée par l’animal dans le domaine scolaire est très significative. Sur le plan relationnel, la présence et l’attitude du chien ont permis de pacifier les rapports au sein des groupes d’enfants et de fluidifier ceux du personnel soignant. La prise en charge des frais inhérents à l’activité de médiation par des partenaires extérieurs permet de ne pas peser sur le budget du service et d’en assurer ainsi la pérennité.